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mercredi 29 mai 2019

Mötorhead : Bastards (1993)




Qui dit Mötorhead dit Lemmy. Pour tous les fans de Metal (et pas que ), l'homme était une légende de la musique. Un des visages les plus reconnaissable du monde la musique, que tout le monde même les non-initiés connaissait. On le connaissait pour ses excès, pour son pustule sur la joue et sa voix atypique. Et derrière son image de dur se cachait un songwriter très sous estimé. 

Pourquoi Bastards et pas Overkill ou Ace Of Spades, ou même encore Iron Fist ou Rock'n'Roll (disque très sous estimé dans la discographie du groupe), et bien parce Bastards est un des meilleurs disques du groupe et c'est pas moi qui le dit c'est Lemmy dans son autobiographie (lisez- la ça vaut le coup). Ca tombe bien c'est aussi un de mes préférés du groupe. 

A l'époque et depuis 1984, le groupe est un quatuor, composé de Lemmy à la basse et  au chant, de Phil Campbell et Wurzel aux guitares et 4 batteurs  qui se succèdent : Phil Taylor batteur des grandes heures du groupe qui se fait virer une première fois remplacé par Pete Gill qui se fait à son tour virer remplacer par Phil Taylor qui lui aussi se faire revirer du groupe, remplacé par Tommy Aldridge en tant que musiciens de session puis par Mikkey Dee qui restera jusqu'à la fin du groupe. En quatuor Motorhead fera 6 albums (+ les 4 morceux inédits de la compilation No Remorse), et celui-ci est l'avant dernier à 4 et le 11 ° album du groupe. 

Après les échecs des deux albums précédents, 1916 (très sous-estimé lui aussi) et March or Die (souvent considéré comme le plus mauvais album du groupe) qui ont marqué une rupture avec les albums précédents : des ballades, du saxophone, du violoncelle. Pour ce disque le groupe revient à ses fondamentaux, du gros son qui ne fait dans la dentelle. Enfin presque.

Car sur ce disque on est obligé de parler du morceau "Don't Let Daddy Kiss Me", mon morceau préféré du groupe. Lemmy au sommet de l'émotion avec une chanson qui traite des abus sexuels sur les enfants. La chanson se met du point de vue d'une petite fille qui supplie Dieu ne pas laisser son papa l'embrasser et se coucher a coté d'elle. La chanson était écrite depuis plusieurs années et Lemmy l'avait proposé a Joan Jett ou Lita Ford, trouvant qu'elle aurait plus de poids chanté par une femme. Cela aurait du faire comme ça, les artistes a qui il a proposé le morceau la voulait la plupart du temps mais le manager mettait son véto, donc Lemmy s'est résolu à l'enregistrer.

Cet album contient des chansons politiques (ce qui n'est pas nouveau chez le groupe) comme On Your Feet on Your Knees qui critique l'homme et sa folie. Le narrateur de la chanson voit à la télé tellement de choses horribles qu'il croit que ça n'est pas réel. On retrouve aussi des chansons sur la guerre et la violence (l'album 1916 traitait en partie de la première guerre mondiale), comme I Am the Sword et Death or Glory ou Lemmy site plein de batailles de l'Histoire, qu'il en est l'ultime survivant mais que ça ne lui apporte aucun réconfort.

Ce disque revient donc au fondamentaux du groupe, Mikkey Dee c'est très bien intégré dans le groupe et l'album est excellent. Mötorhead a un nouveau producteur, Howard Benson . Le courant est bien passé entre eux. Lemmy et Phil n'arretait pas de le charrier sur sa façon de s'habiller et disaient qu'ils l'avaient engagé car c'était le seul dans leur prix. Il produira trois autres albums du groupe.


Avec tous ces facteurs, ce disque a du être un succès. Hé bien non, ce disque ne marchera pas. Et ce n'est pas de la faute du groupe. Mötorhead est un groupe qui a pas mal changé de maison de disque durant sa carrière. Pour ce disque ils se retrouvent chez ZYX, un label allemand qui enregistre un peut tous les styles musicaux. Et la label n'a fait aucune promo pour le disque, refuse d'envoyer des exemplaires promos. Le groupe a du envoyer lui-même 200 CD Promo et le disque a été très mal distribué aux Etats-Unis. Malgré cela Bastards est souvent considéré, à juste titre comme l'un des meilleurs disques du groupe.

Endless Boogie : Long Island






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L’undergound est un milieu dont l’identité n’a cessé d’évoluer au fil  des années . Il désigne généralement des groupes qui ne sont pas encore glorifiés par la culture pop . L’underground se développe d’abord dans les bars plus ou moins miteux , où tout jeune rocker doit faire ses armes. Passez à Londres au début des sixties , et vous croiserez les stones travaillant leurs blues après avoir enfin embauché Charlie Watts. Pendant ce temps , des beatles en blousons noirs tentent d’entrer dans la lumière en jouant du rockabilly dans un bar souterrain de Liverpool. 

Quelques années plus tard, les années 70 produisent leurs lots de loosers magnifiques , qui ne seront reconnues que des années après leur séparation. Notre époque réévalue tout , et cela a heureusement permis de célébrer les stooges , le MC5 , ou le velvet des années après leur vie remplie de déceptions. D’autres n’auront pas cette chance , et je pourrais vous réécrire la discothèque rock idéal rien qu’avec ceux la . On y trouverais Gun à la place de Cream , les deviants pour faire oublier le psyché contemplatif de pink floyd , ou les pink fairies à la place d’Hendrix, et votre voyage dans leurs disques ne serait pas moins merveilleux. 

Si on veut vraiment le qualifier , l’underground est surtout porteur d’une idéologie libertaire et jusqu’au boutiste : Mieux vaut mourir intègre que vivre dans la corruption fusse telle artistique. Refus d’entrer dans le moule de son époque , rejet du moindre compromis , voilà ce qui fait la grandeur de la sous culture depuis les années 70.

Les New Yorkais de Endless Boogie appliquent ce credo à la lettre , renouant avec les jams sans filet du grateful dead à une époque où la concentration du public n’excède pas les 5 minutes. Et puis n’attendez pas d’eux qu’ils préparent de grandes campagnes de publicité , les maisons de disque n’en ont de toute façon plus les moyens, seule leur musique parle pour eux.

Ils se contentent tout simplement de jouer de longues minutes , jusqu'à ce que la grâce vienne toucher leurs instrumentaux brûlants. Le génie ne se calcule pas , il se manifeste après de longues heures de tâtonnements hasardeux. Et , dans le cas du rock , mieux vaut se contenter de monter les potards à 11, et produire le groove le plus puissant possible , jusqu'à ce que le plaisir des musiciens devienne universel. La console n’a plus qu’à enregistrer la séance, dont on coupera le superflu ensuite.   

Endless boogie en studio , c’est les stooges appliquant le free jazz de fun house sur une base boogie délicieusement grasse , alors que les solos distordus redéfinissent la violence de l’acid rock. Seule référence anglaise au milieu de ce brasier américain, la basse de « the savagist » gargouille si violemment qu’on a l’impression que Lemmy est venu se joindre à la fête. On regrettera juste que celle-ci se fasse plus discrète ensuite, pour mieux laisser les six cordes faire décoller ce bon vieux hard blues dans la stratosphère. Le groove du groupe s’épanouit alors dans toute sa richesse , passant d’un boogie blues qui s’apparente à du canned heat sous speed , à un space rock paranoïaque à faire pâlir the gun.

Et le résultat est d’autant plus passionnant qu’il semble spontané, et on en vient à se demander si le groupe ne découvre pas ses morceaux en même temps qu’il les joue. « long island » est un des disques underground les plus aboutis de ces dernières années , un monument de musique libre et insaisissable.  


mardi 28 mai 2019

Bob Dylan : The Basement Tapes





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L’accident de moto est il vrai ? Ou a-t-on affaire à une manœuvre du poète le plus célébré de sa génération ? C’est vrai que depuis quelques années l’homme semble encore plus renfrogné que d’habitude. Il faut dire qu’il porte sa croix pour avoir osé électrifier la folk, et doit effectuer ses concerts sous les insultes les plus fleuries. Derrière lui,  the hawks forge sa légende de plus grand groupe de rock de sa génération, et soutient un porte parole devenu la cible à abattre. Le grand public adore détruire les artistes qu’il a lui-même sacralisé, la nature humaine est parfois affreusement mesquine.

Dans ce contexte, on peut comprendre que l’homme ait voulu prendre du recul, inventant ainsi un débat aussi ridicule que les rumeurs autour de la mort de Mccartney. Accident ou pas , lorsqu’il s’enferme avec le band dans une demeure nommée big pink , il écrit une nouvelle fois l’histoire. L’alliance du band et de Dylan, c’est le mariage de la guitare et de la plume, de l’énergie rock et du souffle poétique.

On a beaucoup attaqué Dylan sur sa voix nasillarde, elle était pourtant parfaite pour sa prose nostalgique. Même sans les comprendre , il se dégage de ses mots un sens universel, une mélodie particulière à la saveur immédiatement reconnaissable. De son coté, le band né réellement lors de ces sessions souterraines. Les concerts précédents , dont la légendaire prestation au fillmore fut dévoilée en CD dans les années 90, montrait un groupe trop « basique » , se contentant d’accompagner sagement le Zim.

Mais , quand il rentre dans la cave de big pink , le band devient la bande d’amis d’un Dylan décidé à évacuer la pression. Il leur transmet son amour de la folk , avant que le groupe ne l’emmène sur le territoire du blues. L’ambiance est bon enfant et, tout en s’amusant, la fine équipe remplit des tonnes de bande. Dans ces enregistrements, on trouve aussi bien des reprises de standards de John Lee Hocker , que de nouvelles compositions expérimentées par Dylan.

Ces titres ne sont pas destinés à sortir , mais même à cette époque où internet n’existait pas , il est bien dur de garder un tel secret. C’est ainsi que plusieurs de ces enregistrements se retrouvent sur un album pirate , et la rumeur enfle. Les copies s’échangent sous le manteau, et les trafiquants d’enregistrements illégaux en vendent tant, que ces casettes deviennent l’enregistrement pirate le plus populaire de l’époque. Dylan se voit donc obligé de publier une version officiellle pour mettre fin à cette mascarade. Réuni en studio , le band sélectionne huit pistes censées représenter sa partie , alors que Dylan dispose du reste de ce qui deviendra un double album.  

« the basement tapes » sort donc en 1975, soit près de dix ans après les sessions effectuées à Big Pink. Entre temps , Dylan aura participé à l’élaboration du premier album du band, offrant trois chansons dont « I shall be released ». Le disque montre un groupe qui est à la musique américaine ce que Steinbeck est à sa littérature : Un symbole.

Sur la pochette des basement tapes, une caisse montre le nom de l’album écrit modestement sur un carton , alors que Dylan apparait de profil , le visage à moitié caché par son chapeau. Le band en revanche , trône fièrement derrière l’auteur de « like a rolling stones ». Si la pochette ne contient ni nom ni titre, la tranche proclame fièrement « Bob Dylan and the band » , montrant ainsi que les musiciens collaborent désormais de manière égale.

Résultat, alors que les hippies s’apprêtent à lui rendre hommage, Dylan fait seul ce qu’ils feront à plusieurs milliers à Woodstock : immortaliser un symbole de la grandeur de la culture des sixties. La première partie représente le début de la légende du band , qui dirige la cérémonie sur huit titres qui sentent bon l’Amérique insouciante racontée dans tortilla flat*.    

Et les musiciens n’ont pas retenu leur inspiration, léguant à Dylan le sommet d’une musique inspirée par ce que l’Amérique a de plus grand , un festin de mélodies à la croisée du blues , de la folk , de la country et du rock. Le band est tout ça et bien plus encore, ils sont plus authentiques que les stones , ils sont plus percutants que les byrds et leurs douceureux sweatheart of the rodeo , ils sont la tradition et le progrès. Car cette musique, il la jouait déjà avant que la mode n’incite le dead, ou d’ex membres de groupes psychédéliques, à la réciter avec plus ou moins de succès. Les huit titres qu’ils jouent ici valent bien les « workingsman dead » , « hot tuna » , et autres pépites terreuses sorties par des hippies en reconversion. Ces disques ne sont pas mauvais, loin de là, mais ils ne sont pas dotés de cette insouciance irrésistible. Le band touche au sublime sans réellement en être conscient , et c’est ça qui fait la magie de titres comme this Wheels on fire ou tears of rage.

De son coté , Dylan brille dans une ambiance américana séduisante , quant les passages les plus folk rock ne semblent pas annoncer blonde on blonde , le grand disque enregistré après ces sessions mais sorti des années avant.

D’ailleurs, je ne suis pas loin de penser que le véritable double album parfait de Dylan est en fait celui-ci, sa spontanéité valant bien les sommets de lyrisme de « blonde on blonde ». Et puis , encore une fois , la réunion de Dylan et du band est une des meilleurs choses qui ait pu arriver au rock. Et , si il était sorti à la fin des sixties , the basement tapes aurait sans doute été célébré comme son plus beau chant du cygne.       

lundi 27 mai 2019

Death : Individual Thoughts Patterns (1993)



Une première sur le blog, un album de metal extrême. Et pas de n'importe quel groupe puisque c'est Death. Le groupe fondateur du genre qui est devenu le Death Metal (vous avez compris le rapport pas besoin de vous faire un dessin).

Mais avant de reparler de l'album en lui même, le Death Metal c'est quoi ? C'est un sous-genre du heavy qui se caractérise par des guitares distordues, du palm mute, une double grosse caisse et des blast beat de batterie ainsi qu' une voix gutturale (ou growl). Enfin ça c'est pour faire simple.

 Les thèmes abordés sont souvent le gore, les films d'horreur, le satanisme, la politique et les chansons parlent de mutilation, de meurtres même si certains groupes sont plus politisés.

Donc revenons a nos moutons (que nous sacrifierons à la fin de la chronique pour rendre hommage au genre), Death est un groupe américain (les deux grosses scènes du Death sont les Etats Unis et surtout la Floride et la Suède). Death est donc Floridien. Le groupe est formé en 1984 sous le nom de Mantas mais se rebaptise Death rapidement. Le seul membre permanent du groupe est Chuck Schuldiner, the Godfather of Death Metal. Chuck c'était un peu comme un tonton pour tous les fans de Death Metal. Né en 1967, il nous quittera en 2001 suite à une tumeur au cerveau. Donc Chuck faisait varier de line up du groupe à sa convenance pour faire évoluer sa musique. Commençant par jouer un Death Metal classique ses 3 premiers albums, le groupe sort en 1991 Human, album de death metal technique (en gros le death technique est au death metal ce que le metal progressif est au heavy metal ou le rock progressif au rock). En 1993 arrive donc le 5 ° album qui nous intéresse.

Individual Thoughts Patterns marque donc encore un changement de line-up; de Human ne reste que Schuldiner bien sur et le bassiste. Et le groupe retrouve pour la 4 ° et dernière fois a la production Scott Burns, le légendaire producteur de Death Metal (il a aussi produit Deicide, Cannibal Corpse, Napalm Death et Obituary entre autres). 

Si j'ai choisi cet album c'est parce que c'est le meilleur assemblage de musicien jamais vu sur un disque du groupe. A la guitare et au chant, le boss Chuck Schuldiner, a la deuxième guitare (les deux se partagent les solos) Andy LaRocque, guitariste de King Diamond et pour la section rythmique, deux musiciens qui ont joué sur tellement de disques qu'il est difficile de les compter, l'actuelle section rythmique de Testament. A la batterie, celui que l'on surnomme "the Atomic Clock" (pour sa précision, sa violence et sa rapidité), batteur et fondateur de Dark Angel, Gene Hoglan. Pour l'accompagner, un géant de la basse qui joue d'ailleurs fretless sur cet album (il fut l'un des précurseurs du jeu fretless dans le metal extrême) : Steve di Giorgio. La complexité de la musique et le fait de jouer fretless représente un vrai défi que le bassiste relève haut la main.

Interessons nous à la musique, donc du death metal technique avec des paroles qui sortent du carcan gore, meurtre, satanisme pour se concentrer sur certaines facettes de l'humanité comme la critique de la société. Les morceaux s'il ne sont pas très long sont assez complexes, les solos souvent assez technique. Chaque musicien se taille la part du lion, comme DiGiorgio qui nous live un superbe solo sur "the Philosopher" pour laquelle un clip est tourné et diffusé sur MTV, petite révolution à l'époque dans un genre encore relativement jeune. Si Human avait tracé le sillon d'une musique plus technique pour le groupe, celui la ouvre en grand le genre du death technique. Le groupe continuera d'ailleurs dans cette veine avec ses deux albums suivants qui seront les derniers avec la mort de Chuck en 2001. Si vous avez l'occasion allez lire l'élan de solidarité qui s'est emparé du monde du metal à l'annonce de la maladie de Chuck afin de trouver de l'argent pour lui payer des soins.

Oasis : (What's the Story) Morning Glory ? (1995)



Oasis, voilà un des groupes qui m'a fait découvrir le rock. A la sortie de ce disque, leur deuxième, j'ai 12 ans. Je suis passé à l'époque, a côté du premier album que je découvrirais plus tard. Et je passe un peu a coté de celui la aussi. Je connais les morceaux qu'on a entendu en radio mais c'est tout. Je découvre véritablement Oasis en 1997 avec Be Here Now, album décrié que personnellement j'aime beaucoup. Mais revenons à nos moutons, et quels moutons. (What's the Story) Morning Glory est l'un des disques majeurs des années 90 et l'album fer de lance du mouvement Britpop dont les principaux représentants sont Oasis, Blur, Suede et Pulp. La Britpop est un mouvement influencés par les groupes anglais des années 60 comme les Beatles, les Who et les Kinks par exemple, mais aussi par d'autres artistes comme Paul Weller le leader des Jam, comme la scène anglaise des années 80 dite "Madchester" avec les Stone Roses et les Happy Mondays. La Britpop se développe aussi en réponse à l'invasion Grunge en Angleterre. Son age d'or est de 1993 à 1997, avec en particulier une bataille entre Blur et Oasis, à la fois dans les ventes et par presse interposé.

Donc Oasis a sorti son premier album Definitely Maybe, l'année d'avant. Toujours articulé autour des frère Gallagher, Noel, principal songwriter, guitariste et chanteur occasionnel, et son petit  frère Liam, charismatique frontman à la façon de chanter très particulière a la fois dans l'intonation et dans la posture (en Live il se tient les mains dans le dos, le micro très haut ce qui l'oblige a chanter la tête en l'air), le groupe fait ici preuve d'une créativité qu'ils ne retrouveront qu'a de rares occasions par la suite.

6 singles ont été tiré de ce disques qui sont devenus des classiques instantanés dont Wonderwall, Some Might Say, Champagne Supernova et Don't Look Back in Anger. Commençons par cette dernière, c'est la première face A du groupe chanté par Noel Gallagher. Au fil du temps, Noel chantera de plus en plus de titres et dans le même temps son frère ce mettra a écrire des chansons. Son intro au piano marque un inspiration d'Imagine. Le morceau devient un classique et est entonné depuis dans de nomreux stades de football. Noel et Liam sont de Manchester et supporters de longue date de Manchester City (personne n'est parfait). Le morceau est aussi connu pour son clip ou le groupe joue la chanson dans un très belle demeure avec des jeunes filles autour d'une piscine. Le chauffeur de la voiture qui transporte le groupe est l'acteur britannique Patrick McNee, le John Steed de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. 

Champagne Supernova est l'un des plus gros classiques du groupe qui fut la piste probablement la plus joué en Live  (Noel dira : Je pense que c'est la seule chanson qui depuis qu'elle a été écrite nous avons joué toutes les nuits ) par le groupe et qui finissait souvent les concerts. Sa version studio dure 7 minutes 30. Les paroles sont selon Noel "le truc le plus psychédélique que j'ai écris". Dans le jargon une Champagne Supernova est un coupe de champagne auquel on a ajouté de la Cocaine. Cette chanson est aussi l'une des rares du groupe ou une partie des voix est chanté par quelqu'un d'autres qu'un des frères Gallagher, en l’occurrence Paul Weller l'ancien leader des Jam qui tient aussi la guitare lead, l'idole de Noel Gallagher (Liam n'aime personne à part lui même). C'est aussi le dernier morceau original d'Oasis joué par le groupe avant sa séparation (le tout dernier étant I Am The Walrus des Beatles).

Some Might Say a été le premier single de l'album et la première chanson enregistré pour l'album, avant le début des sessions principales. C'est pour cette raison que c'est Tony McCarroll qui tient encore la batterie, avant que Noel ne lui prie gentiment de s'en aller du groupe. Sur le reste de l'album c'est Alan White à la batterie. Cette chanson a une importance particulière pour le groupe, selon Noel, ce titre et sa face B Acquiesce, ont défini ce qu'était Oasis. Le morceau a été inspiré par les Small Faces et T-Rex. Une vidéo promotionnelle devait illustrer la chanson mais Liam a refusé d'y participer, du coup un montage vidéo a été fait en reprenant des images des vidéos de Cigarettes and Alcoohol, de la version US de Supersonic et de la version américaine de Whatever. Le morceau fut un succès et demeure encore aujourd'hui comme l'un des classiques du groupe.

Et on termine par Wonderwall, à la base nommé "Wishing Stone". L'hymne d'Oasis et de ma génération (avec quelques autres titres), leur titre le plus connu, le plus repris. Pendant très longtemps Noel a dit que le morceau parlait de Meg Matthews sa petite amie de l'époque et future femme mais il a expliqué ensuite que ça parle "d'un ami imaginaire qui arrive pour nous sauver de nous même" apres son divorce d'avec Matthews. C'est Liam qui chante sur le morceau, après que Noel lui ai demandé de choisir entre chanté ce morceau et Don't Look Back in Anger. Il semble avoir plutôt bien choisi.

Voila pour un petit tour d'horizon du manifeste de la Brit Pop qui s'est vendu a 22 millions d'exemplaire dans le monde. Un deuxième album meilleur que le premier. Un groupe au sommet qui ne retrouvera jamais la même inspiration et qui a coup de déclaration tapageuses de son leader Noel, se verra relégué un peu au rang de phénomene de foire. 5 autres albums sudios et un album de Face B suivront ce succès, disques dans lesquels il y a à boire et  a manger malgré un sursaut dans les dernières années du groupe. Les tensions entre les deux frangins qui se tirait la bourre soit en direct soit par presse interposé depuis des années, ont atteint leur paroxysme en Aout 2009 au Festival Rock en Seine. A la suite d'une bagarre entre eux, le groupe ne monte pas sur scène et split dans la foulée, chacun partant de son coté.

THE PSYCHOTIC MONKS : Silence slowly and madly shines (2017)






Cela faisait un petit moment que je n'avais pas entendu un nouveau groupe français aussi intéressant ; il s'agit ici du premier album des Psychotic Monks qui nous viennent du 93, plus connu pour ses groupes de rap (oui je sais ça fait cliché !!).
« Silence slowly and madly shines », est un mélange réussi de diverses influences : garage, grunge, psychédélique, stoner rock, noise, krautrock, rock industriel, rock planant et il faut l'avouer ça sort de l'ordinaire . La pochette, très belle, est bien représentative de ce que peut proposer le groupe et reflète un certain état d'esprit "sauvage".

Pour citer des noms on peut évoquer Pink Floyd bien sur , Godflesh, en passant par un petit zeste de Joy Division (notamment dans la voix) , de Nirvana ou Mudhoney (des débuts) pour le côté grunge des guitares sur certains morceaux, Sonic Youth pour le côté noise et globalement la scène post rock / post hardcore.
« It's gone » qui ouvre l'album est gigantesque, explosif (c'est le morceau phare du disque), celui qui combine le mieux les deux facettes du groupe, celui où la fureur contenue éclate littéralement, une magnifique déflagration, « Wanna be damned » et « The bad and the city solution » sont également représentatifs de la face énergique et violente du groupe alors que « Sink », « When I feel » et « Walk by wild lands » représente le côté cool et planant de Psychotic Monks  auxquels il faut rajouter quelques brèves interludes instrumentales.

Tantôt bruitiste, tantôt calme, tantôt hypnotique mais globalement les titres font dans la déstructuration et l'expérimental , avec même quelques passages planants, un côté Pink Floyd de la grande époque sur certains titres (« part 2 squeak of gravels », « Sink » et surtout « Walk by wild lands »). C'est souvent déroutant (mais à prendre dans le bon sens du terme), comme le mix improbable du Pink Floyd et du post-hardcore même si les Psychotic Monks n'est pas le seul groupe à s'être essayé à cet exercice périlleux.
The Psychotic Monks est un groupe à voir avant tout sur scène où le groupe brise les carcans imposés par un enregistrement « studio » et devient encore plus dantesque dans ses improvisations et sa furie musicale. Allez jeter une oreille sur la version live de « It's gone » enregistré aux Bouffardises en 2017 et vous verrez que je n'exagère pas !

Juste un petit reproche : le groupe s'éparpille parfois un peu trop dans diverses directions musicales et ne mélange pas assez ses influences dans un même titre ; j'aurais aimé plus de titres mélangeant ambiances calmes et ambiances déchaînées.
Quelques imperfections certes, quelques influences parfois trop présentes et quelques fois mal digérées (Pink Floyd sur les morceaux plus calmes) mais franchement un album prometteur, surtout pour un groupe aussi jeune et qui fait malgré tout preuve d'une maturité étonnante.
Le deuxième album (« Private meaning first ») vient juste de sortir et il paraît qu'il est également très bon et pour les franciliens précisons que le groupe sera en concert à Paris le 21 novembre 2019 au Trabendo. A ne pas manquer.

samedi 25 mai 2019

Khan : A Space Shanty


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A l’origine de Khan , il y a Steve Hillage , guitariste virtuose ayant mis sa carrière entre parenthèse après l’échec commercial de l’album d’Arzachel en 1969. Il se concentre alors sur ses études , qu’il passera toutefois à Canterbury. La ville est alors en pleine effervescence, les musiciens locaux se frottant à la complexité du Jazz pour obtenir un rock aussi riche que celui de soft machine. C’est d’ailleurs dans cette ville que Soft Machine est né des cendres de the wildflowers , annonçant ainsi une nouvelle voie pour le rock progressif.

Hillage est absorbé par cette époque de créativité débridée , et finit par abandonner ses études pour former Khan avec Dave Stewart. Ayant déjà composé une poignée de titres, Hillage embarque le groupe pour deux mois de répétitions quotidiennes. Khan part ensuite affuter son rock sophistiqué en concert, avant d’enfin entrer en studio pour produire ce « space shanty ». Mais rien ne se passe comme prévu, et le batteur Pip Pyle quitte la formation, avant de continuer une brillante carrière en compagnie de David Allen et Gong.

Le groupe finira tout de même par lui trouver un remplaçant en la personne d’Eric Peachey. Issu d’un obscur groupe de blues rock , l’homme est le symbole de cette époque où la nouvelle génération abandonne les complaintes des ramasseurs de coton du Mississipi , pour s’égarer dans de grandes mélodies utopistes ou fantastiques.

Le producteur, lui aussi , n’est pas choisi au hasard. Neil Slaven vient de terminer son travail avec Egg, autre groupe phare du prog expérimental, dont il a produit le merveilleux « the polite force ». Lors des sessions d’enregistrement, le perfectionnisme de Steve Hillage met les nerfs de son producteur à rude épreuve. L’homme superpose ses parties de guitare en cherchant l’équilibre parfait , et les séances s’éternisent .

A space shantey finit par sortir en 1971, et heureusement l’attente en valait la peine. Le concept, critiquant l’alliénation des grandes villes, peut paraitre un peu niais à notre époque urbaine. D’autant que , face à cette aliénation, Khan promeut les poncifs hippies que sont l’élévation spirituelle et le mysticisme.

Mais cette pochette, représentant un vaisseau semblant sorti de l’imagination de Phillip K Dick, alliée à ce titre inspiré des chants de marins , et annonçant une série de compositions futuristes, nous laisse présager une nouvelle perle progressive.

L’affaire commence sur une violence presque hard rock , l’ouverture mêlant guitare et clavier agressifs, qui nous donnent presque l’impression d’entendre Uriah Heep dans ses plus belles œuvres épiques. Et puis la mélodie reprend ses droits, annonçant les disques les plus complexes des flowers king dans ses intermèdes les plus méditatifs, avant que le rythme ne s’emballe dans un déluge Crimsonien. On l’aura compris, a space shantey  est surtout l’œuvre de Steve Hillage , sa guitare semblant diriger les changements de rythmes et autres variations d’une musique incroyablement riche.

Derrière lui , le clavier de Dave Stewart est bien sur là pour ajouter ses notes rêveuses , et encrer le disque dans la grande légende Canterburienne. Il faut dire que les années 70 et 71  furent particulièrement riches pour la scène de Canterbury. Elles verront egg clore sa période expérimentale avec l’hallucinant « polite force », Caravan atteindre le sommet de sa grâce jazz rock sur If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You et in the land of grey and pink, alors que soft machine venait de sortir l’inclassable third.                                                                                            

Et n’oublions pas ce grand David Allen, ex fondateur de la machine molle, qui passera les années suivantes à développer une nouvelle vision du psychédelisme  avec camembert electrique, et la future trilogie radio gnome de gong.

Dans cette avalanche de chefs-d’œuvre, a space shantey représentait le rock Canterburien dans ce qu’il avait de plus sophistiqué, les passages atmosphériques ménagent nos oreilles éprouvées par tant de trouvailles mélodiques.

Les musiciens réunis ici parviendront peut-être à un plus haut niveau de beauté musicale, mais ils renoueront rarement avec cette inventivité débridée.