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jeudi 3 octobre 2019

Iggy Pop : Free


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« Iggy est quelqu’un de très cultivé , mais quand il commence à sortir sa bite ça devient ennuyeux ». Voilà comment Bowie parlait de son ami de Detroit , soulignant ainsi une facette que l’iguane venait juste de dévoiler sur « the idiot » et « lust for life ». Le titre du premier était un clin d’œil à Dostoievski , tandis que la musique transformait le guerrier punk en crooner raffiné. C’est néanmoins l’énergie punk du personnage, transpirant encore dans le riff de « lust for life », qui le rendit célèbre en rythmant les déboires d’Ewan Mcgregor dans « trainspotting ».   

Après cela, le héros sorti de la dèche réclamait son dû, aguichant le grand public avec la production clinquante de bla bla bla. Le plan n’a pas marché plus que ça et, conscient que sa musique n’atteindrait plus le sommet des hit-parades, il la vendit à l’annonceur le plus offrant. C’est ainsi qu’est né le nouvel Iggy , homme sandwich entretenant son image et ses créations en se vendant au plus offrant.

Toute tentative de s’éloigner de sa fureur stoogienne était désormais vouée à l’échec , comme ce préliminaire, aux accents expérimentaux pas si honteux que ce qu’on a pu en dire. Même lors du retour des stooges , on lui reprochait une voix trop soignée , et des mélodies plus évidentes qu’à la grande époque.

Pourtant , cette voix , semblant venir d’un vieux guerrier ayant tout connu , est aussi fascinante que celle de son héros Jim Morrison. Même post pop depression , annoncé comme un simple retour au rock froid des années passées avec Bowie , prenait des allures lumineuses grâce à cette voix chaleureuse. Iggy était désormais plus à chercher dans le manifeste grave d’american vahalla , que dans les saillies de vultures . Tout l’album était d’ailleurs doté de ce feeling de vieux baroudeur, quelque part entre Sinatra et Morrison.

Voilà pourquoi ce disque, dans son concept comme dans sa musique est le véritable aboutissement d’une carrière solo extrêmement riche. L’idée donnant naissance à free a germé après que l’Iguane ait animé sa propre émission de radio à la BBC. Là promu au rang de DJ , l’homme redécouvre le goût du partage de sons peu diffusés , la soif de nouvelles découvertes , bref tout ce qui définissait un DJ avant l’avènement de rayeurs de vinyles décérébrés.

Forcément, ses sons ont nourri son imaginaire, pénétrant dans son esprit pour y planter quelques graines fascinantes. On imagine, à l’écoute de ce disque, que le Pop diffusait pas mal de jazz, tant free est marqué par une douceur réconfortante que n’aurait pas renié Miles Davis.

Free ne ressemble à rien de ce qu’a produit Iggy , ce n’est ni une giffle braillarde revigorante , ni un hommage foireux à quelques grandes figures du passé. Ce n’est pas non plus un rock de crooner. C’est un disque dans lequel il faut s’immerger, pour mieux en ressentir toute la beauté poétique.

Oui , vous avez bien lu , le dernier album de l’iguane est poétique . Une sensibilité se cachait sous ses airs de brute , tel un personnage de Guy Des Cars *.  Quand l’homme chante « I want to be Free » , sur une musique atmosphérique , il parle de ce sentiment qu’il a poursuivi toute sa vie, cette ivresse de celui qui n’a ni attache , ni responsabilité.

C’est aussi ce sentiment qui l’a amené à courir après le succès, torturé par cette confrontation entre les exigences du show business et ses envies artistiques. A travers cette musique, sombre tout en restant lumineuse, sobre tout en restant chaleureuse, il ne fait que montrer qu’il est venu à bout de cette contradiction.

C’est là que l’homme se dévoile vraiment, citant Lou Reed dans un décor musical introspectif et intimiste. Sans entrer dans le détail de propos qui pourraient paraitre éminemment politique, on peut souligner qu’il s’agit de la plus lumineuse poésie musicale depuis « the end », la poésie de Lou Reed n’ayant jamais trouvé une voix aussi habitée.

James bond est plus rock avec sa rythmique irrésistible, et toujours la voix du crooner pop lancée sur un bebop sautillant. On en regretterait presque qu’il reprenne son rôle de chevalier punk, crachant sur la société de consommation dans un langage fleuri que n’aurait pas renier Johnny Rotten sur Dirty Sanchez.

C’est que , en effet , Iggy est tellement plus intéressant quand il prend le temps de tisser ses ambiances méditatives , quand la musique expérimentale emporte l’auditeur dans des paysages que l’on croyait réservés au jazz expérimental.   

Les musiciens sont grandioses, se contentant d’habiller cette voix qui deviendrait presque une œuvre à elle seule. Ici elle porte l’étendard d’un manifeste exprimant la victoire d’un homme sur son sentiment d’insécurité, le vieux guerrier a trouvé son graal et l’expose à nos oreilles émerveillées.   


*Guy Des Cars : La brute 

   

mercredi 2 octobre 2019

Gov't Mule : Mullenium


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Notre époque manque de passeurs, ces artistes capables de faire entrer la tradition dans l’ère moderne. Et c’est précisément ce que fut gov’t mule dès ses débuts, un power trio venu mettre un grand coup de pompe dans l’héritage des seventies , histoire de voir quel visage il aurait après ce vivifiant outrage. Je ne vais pas m’étaler une nouvelle fois sur les albums studios, qui donnèrent un vent de fraîcheur au rock du sud-américain,  ceux-ci ne sont rien comparés à ses prestations scéniques.

Là, devant un public qui ne sait à quoi s’attendre, gov’t mule arbore un nouveau visage, émaillant ses prestation de reprises qui sont autant de réappropriation d’un glorieux répertoire. Enregistrer ce groupe le jours du nouvel an était plus qu’une coïncidence, c’était l’affirmation que le rock survivrait à ce nouveau millénaire.

Paraphrasant le MC5 , Warren Hayne déclare fièrement : « it’s time to choose if you want to be part of the problem or if you want to be part of the solution ». La dessus, le riff de bad little doggie déboule de manière tonitruante. Ce n’est pas une simple ouverture, c’est le cri d’un groupe qui fait sa nouvelle mue, les guitares déchirant son feeling hard blues dans des saillies sonores dignes des grandes heures du rock de Détroit.  

Même sur la power ballad « blind man in the dark » , il plane une tension orgiaque , comme si le groupe savait qu’il vivait un moment fort de sa brillante carrière. On se prend littéralement cette rythmique lourde en pleine figure , Matt Abts martelant ses fûts avec une violence que n’aurait pas renié John Bonham. Le titre est aussi l’occasion pour Hayne de placer un solo déchirant au milieu de la tempête, solo qu’il fait durer pendant quelques vivifiantes minutes, son groupe restant concentré sur son feeling , comme un équilibriste sur sa corde.

Cette fascination qu’engendre les longues envolées instrumentales est intemporelle , c’est la lutte du musicien pour garder sa justesse, dans un moment qui ne lui laissera pas de seconde chance. A ce jeu-là , gov’t mule se distingue toujours , même si il a remplacé le coté méditatif des frères Allman par une puissance plus proche de sa génération.

Si on est envoûté par l’ouverture tout en finesse de « life before insanity », c’est parce qu’elle renforce la virulence du  riff binaire qu’elle introduit. Cette façon de souffler le chaud et le froid au sein d’un même morceau n’est d’ailleurs pas sans rappeler led zeppelin , inspiration que le groupe revendique à travers une vibrante version de dazed and confused. 

Le talent de Warren Hayne , comme celui de Page à sa grande époque , c’est d’avoir su flirter avec des rythmes moins simples , des mélodies plus raffinées , sans perdre cette excitation liée à la musique la plus basique. Son groupe a beau multiplier les cassures rythmiques , partir dans des jams à rallonge comme si il lançait le moteur d’une puissante machine , on a toujours l’impression que le voyage se termine trop tôt. 

C’est que Hayne sait trousser une mélodie, qui revient entre les instrumentaux, comme une apothéose, avant de s’effacer de nouveau derrière une nouvelle charge bluesy. Ce bon vieux Warren joue de la guitare comme Coltrane joue du sax , ces improvisations lui permettant d’oublier toute mesure. Là où les autres auraient enchaîné trois notes, il en case le double, ne se reposant que quand il se recentre sur des mélodies toujours dotées d’une chaleur jazzy.  

Lointain descendant de Mick Bloomfield, il sait se faire discret et sobre sur les lamentations enivrantes de towering fool , avant de se lâcher sur une countdown jam qui ressemble à un manifeste.

Nous voilà près pour un voyage en forme d’inventaire, la pression orgiaque ne redescendant que le temps de l’intervention de Little Milton , venu célébrer le chicago blues à l’heure du nouveau millénaire.  

Les reprises s’enchaînent comme autant de dépoussiérages. Sans surprise , c’est « 21st century schizoid man » qui suit le décompte annonçant le début des années 2000. Le titre était déjà le plus virulent épisode de l’histoire du rock progressif, la mule en fait un blues zeppelinien, corrosif et irrésistible. Le manifeste paranoïaque du roi cramoisi n’a jamais était aussi vibrant, Hayne dressant un monument à la gloire du hard blues , le temps d’un solo massif comme un obélisque dressé en l’honneur de ce nouvel âge.
                                                                                     
 Helter Skelter n’a jamais été aussi puissant, we’re not gonna take it place le rythm n blues à un autre niveau d’énergie rythm n blues, et les frères allman sont célébrés à travers une version accélérée de end of the line. On redescend ensuite dans les terres country folk du band , comme si les sudistes avaient besoin de retrouver leurs racines le temps d’une reprise respectueuse de « I Shall be released ».
                                          
Cette ballade prépare le terrain à une reprise de simple man, qui voit le groupe troquer sa violence rythmique contre un lyrisme allant crescendo jusqu’aux fameux refrains. Voilà où se situe la grandeur de gov’t mule , ses reprises se glissent dans son répertoire naturellement , elles puisent aux mêmes sources et brillent du même éclat.

A l’image d’un Dylan, le groupe n’a plus qu’à interpréter ses titres au gré de ses lubies, accélérant ou ralentissant ses tempos, et transformant la mélodie le temps d’un concert. Le musicien est alors un mage qui manipule ses formules devant un public médusé. Cette fascination n’a pas d’âge, elle s’affranchit des époques, montrant ainsi que le rock, comme la musique de gov’t mule, est éternel.    

lundi 30 septembre 2019

Bob Dylan : Time Out Of Mind


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Sept ans sans Dylan, voilà ce que furent les années 90 à 97. Vous me répondrez que l’homme a tout de même sorti deux albums, et continué à revisiter sa légende à travers les bootleg series. Justement, il revisitait sa légende au lieu de la poursuivre, phénomène nouveau qui dut faire dire à beaucoup que le vieux barde fatigué lâchait la rampe.

Times go wrong et good as I been to you avaient beau être d’excellents disques , le barde s’y transformait en disciple , se faisant humble pour servir ceux qui ont guidés ses pas. Tel un poète maudit, il s’était ensuite retiré dans sa ferme du Minnesota, le manteau neigeux assombri par le ciel gris de l’hiver lui inspirant des titres très marqués par le blues.

Du Minnesota, Dylan rêvait des bayous de Louisiane , et avait sans doute l’image christique de ses héros gagnant leur droit de vivre dans les champs de coton. Lors de l’enregistrement, il retrouve Daniel Lanois , celui qui le fit renaître en produisant oh mercy , et qui doit désormais l’aider à planter son blues dans la modernité. Il met ainsi en musique un disque conçu autour des préoccupations d’un homme qui pourrait bien être Dylan lui-même. Les amours déçues, la vieillesse, et la mort inéluctable, voilà le menu de cette odyssée moderne.
                                                                                                                           
La pochette présente Dylan entouré de ses instruments, dans une perspective qui donne l’impression que le poète joue au milieu d’un vaisseau spatial. Assis avec sa guitare sèche, il fixe l’objectif d’une manière qui rappelle sa posture sur brin git all back home.

Time out of mind n’est pourtant pas un disque futuriste, encore moins une célébration nostalgique, c’est une œuvre sans âge à la beauté immortelle. Placé en ouverture, love sick a des airs d’aboutissement, et pourrait être vu comme une version sentimentale du the end des doors.

Comme sur ce titre , l’atmosphère est lugubre , la boucle rythmique qui introduit l’album se fondant dans un tourbillon fascinant que n’aurait pas renié Jim Morrison. Les instrumentaux restent aériens, laissant Dylan exprimer le spleen de l’homme rejeté, à travers ses « rues mortes » et ses « nuages qui sanglotent », avant de résumer sa rancœur d’un « je souhaiterais ne t’avoir jamais rencontré » péremptoire. La conclusion, où l’homme voit sans espoir le temps passer entre en résonnance avec les préoccupations du chanteur, qui sort de son hospitalisation.  

Symbole de la mort qui s’approche et du temps qui défile , ce titre peut être vu comme la version musicale de la citation de Platon selon laquelle : « Personne n’a peur de la mort, si on le prend pour ce qu’elle est , ou alors , il faut être incapable de faire le moindre raisonnement et ne pas être vraiment homme-non, ce qui fait peur , c’est l’idée qu’on a pas été juste. »

C’est cette envie d’ « être juste » qui mène notre homme sur les routes à la recherche de celle qu’il a laissé partir trop tôt. Sans surprise, le blues rythme ses pas, permettant à Dylan de saluer encore une fois le fantôme d’Elvis en dotant sa voix de son écho caractéristique. Derrière lui, le groupe assure une rythmique carrée, dans la plus pure tradition du blues des pionniers. Le blues est la musique de l’homme à terre, et Dylan est un de ses plus brillants interprètes.

Standing in the doorway prolonge le voyage sur une note plus philosophique, Dylan reprenant la prose Dostoievskienne de blood on the track , dessinant les pensées de son personnage comme on décrit un décor. La mort est encore très présente dans ses pensées , son personnage ayant l’impression que son périple passe trop lentement, tout en ne sachant pas comment il réagira en retrouvant celle qu’il cherche. La mélodie raffinée qui soutient ses réflexions réussit l’exploit de paraitre dépouillée malgré sa débauche d’arrangements, on regrettera juste cette fin trop abrupte.

Sur un Million Miles , on se retrouve face à un dilemme très Dylannien : Suivons nous le récit du parcours d’un homme , ou ces mélodies nous rendent elles spectateur de ses rêves ? L’ambiance est détendue presque jazzy , alors que la femme aimée prend des airs de mirage, nous laissant face à cette conclusion déchirante : « tout n’est qu’illusion , sauf la solitude » . Quand cette ballade Jazzy laisse place à une melodie rock que n’aurait pas renié Springsteen, le narrateur termine son voyage en Louisiane . Là, on se rend compte que ce voyage philosophique dans l’Amérique profonde est plus proche de « sur la route » que de « l’idiot » , et que notre clochard céleste est un nouvel avatar de la passion de Dylan pour la prose de Kerouac.

L’homme a terminé son voyage sans espoir, le blues classieux de « fell in love with you » nous apprenant que « toutes ses tentatives pour séduire cette femme furent vaines » , et il ne saura donc jamais comment réagir. Son désespoir ouvre ainsi la voie au monument torturé de ce disque.

L’orgue vous plonge dans un décor méditatif, ses notes étant autant de jalons de la grande fresque que Dylan est en train de tisser. La rythmique lourde ponctue les pensées Dylaniennes , les guitares nous rappelant que nous écoutons bien un disque de rock, tout en ajustant les formes de ce décor onirique.  

La suite est trempée dans le même tonneau précieux, cold iron bound nappant le rockabilly d’une ambiance lourde à souhait, avant que le blues nonchalant de can’t wait et highlands ne viennent clore ce voyage philosophique.

Après avoir rendu hommage au blues, Dylan le transforme, et le résultat n’est pas seulement un de ses meilleurs disques. Time out of mind est le genre d’album qui marque la musique d’une civilisation, le genre d’œuvre qu’on choisira pour définir l’être humain.



samedi 28 septembre 2019

John Cougar Mellencamp : Sad Clown and hibbilies


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On a toujours vu Mellenchamp comme le Springsteen du pauvre. Il faut dire que l’homme n’arrive dans le paysage musical qu’en 1975 , alors que Petty et Springsteen sont en pleine gloire. Affublé du titre de « future du rock », Bruce construit l’image de héros romantique qui fera sa renommée, alors que Mellechamp sort tous juste de sa campagne, et commence à attirer l’attention de Tonie De Frie.
                                                           
Le manager de Bowie lui permet de signer un contrat avec MCA , l’ex bucheron de l’Indianna se transformant ainsi en icône pop enchainant les singles. L’explosion vient soudainement, quand Pat Benatar reprend « I need a lover » , donnant à Mellenchamp l’image d’un chanteur pop proche de Tom Petty , qui est alors sur le point de sortir damn the torpedoes.

C’est ce son folk mais entêtant, traditionnel mais poli, qui fera le succès d’album comme Lonesome Jubilee , scarecrow , et plus tard le génial whenever we wanted. Nous étions alors fin 70 début 80 , et les productions commençaient à se standardiser , tout en permettant à des artistes aussi divers que Petty , Mellenchamp ou Fleetwood Mac d’affirmer une personnalité très forte.

Ce n’était plus Dylan passant de l’acoutique à l’électrique, avant de réinventer la country pour soutenir ses images bibliques, la production devait être propre et moderne. Mais on pouvait encore trouver dans cette modernité une diversité et une inventivité qui régalaient les auditeurs les plus attentifs. Les autres se sont contentés de la forme, mettant John Cougar dans le même panier que Petty, et le condamnant ainsi au second rôle sur la scène folk rock.

 Derrière la production policée, on trouvait sur lonesome jubilee des notes de banjos et violons sentant bon le bluegrass terreux.

Mellenchamp était en réalité un représentant de l’Americana, style revendiquant l’influence des grandes traditions musicales américaines, pour lutter contre la standardisation enclenchée dans la pop. Fils de Dylan, il dirigera sa plume contre Reagan, et affirmera sa compassion pour ces travailleurs de la terre qu’il connait bien (notamment sur scarecrow).  L’homme, contrairement à Petty , n’était pas là pour célébrer l’amour et la légèreté de son temps , mais plutôt pour dénoncer la fin de l’américan dream , et réclamer un retour à une musique plus significative.

Dans ce cadre, American Jubilee et scarecrow resteront ses disques les plus inoubliables, même si le chanteur se laissait aller à quelques compromis avec son époque.  Aujourd’hui, les modes musicales ont disparu, le déclin de l’industrie ayant paradoxalement laissé une plus grande liberté aux artistes déjà établis.
                                                      
Sans cet effondrement, je ne sais pas si Johnny Cash aurait produit sa dernière série d’albums de la même façon. Et ce même si les années 90 cherchaient encore une nouvelle poule aux œufs d’or, les maisons de disques voyaient déjà l’iceberg s’approcher.

Mellenchamp suivra son exemple en 1999, en sortant le très  roots rought harvest , et en transformant le tube « love and happiness » en chant de campagnards. Il reprendra ces sonorités bluegrass en 2014 , son live at town hall étant encore meilleur que le live in dublin de Springsteen , qui exprimait les mêmes influences rustiques.

Sorti en 2017 , sad clown and hibbilie reprend les choses là où rought harvest les avaient laissées. Et c’est encore le vrai Mellenchamp qui apparait à travers ses mélodies Steinbeckiennes , les larmoiements de violons rappelant l’histoire tragique de milliers d’américains lancés sur les routes lors de la grande dépression.

Pour ce nouveau retour à la terre, John s’est entouré de Carlène Carter , fille de June , dont les chants bercèrent la jeunesse d’un certain Johnny Cash, avant qu’il ne l’épouse. Elle lui offre « indigo sunset » , douce ballade country que n’aurait pas renié ses illustres parents. La voix de Carlène se marie parfaitement avec celle de Mellenchamp, le disque ressemblant parfois à une revue d’artistes itinérants, alors qu’on verrait bien Tom Joad déclamer les vers des ballades les plus poignantes.

Même quand il revient à un son plus électrique, renouant avec le rock via le riff presque stonien de Grandview, ce rock-là a la patine des grands titres de Chuck Berry. Puis vient l’harmonica qui ramène cette rythmique urbaine dans les champs du sud-américain.

Puis le rocker se fait de nouveau barde , narrant une nouvelle histoire de petites gens, qui fait encore briller la voix de sa chanteuse. Requiem for the american dream , voilà comment aurait pu s’appeler ce disque , l’affection de Mellenchamp pour l’Amérique des travailleurs suintant à chaque note. La folk comme la country est la musique du peuple, et celle des grands espaces qu’il met si bien en musique sur « mobile blues ».

Le titre était au départ un vieux blues, qui ressemble ici à une chevauchée au milieu du far west , les décors des grands films de Peckinpah se rappellent alors à nous.

 Et c’est peut-être pour ça que l’histoire a moins retenu Mellenchamp que ses illustres contemporains, ses influences poussiéreuses et sa verve Dylannienne étaient à des années lumières des tendances de son époque.    

Aujourd’hui , on ne peut que s’en réjouir , tant « sad clown and hibillies » est un disque classieux et envoûtant.




jeudi 26 septembre 2019

MOTORHEAD : ACE OF SPADES (1980)

FORMATION :

« Lemmy » Kilmister (basse, chant)

« Fast » Eddie Clark (guitare)

Phil « Philty » Taylor (batterie)


Quoi encore une chronique sur Motörhead ? Tout le monde connaît ça ne sert à rien !

Ah là je dis halte : évidemment tous les fans de rock connaissent mais parmi ceux qui sont nés ces trente dernières années beaucoup ne connaissent pas ou alors juste de nom, j'ai fait le test aupès de collègues ou relations pas spécialement branchés rock et peu ont entendu parler de Lemmy et sa bande ou alors juste de nom, vaguement ; cela peut paraître incroyable mais c'est la réalité, faites le test vous même vous verrez  : et plus les années passent plus la mémoire collective se liquéfie et plus de grands noms du rock disparaissent (encore qu'avec internet c'est moins vrai) et si un groupe ne doit pas disparaître c'est bien Mötorhead car il représente l'essence même du rock, son aspect le plus authentique.

Il n'est donc pas inutile, dans le contexte actuel, d'enfoncer le clou et de publier une nouvelle critique, presque un devoir de mémoire (bon là j'exagère peut-être un peu ! ).

Retour donc 40 ans en arrière : après le (très légèrement) décevant « Bomber » (1979) Motörhead nous devait une remise à niveau et c'est chose faite avec « Ace of spades », sorti en 1980 et qui est clairement le deuxième meilleur album studio du groupe derrière « Overkill » ; en plus il comporte l'un de leurs meilleurs titres « Ace of spades » et un morceau que j'adore « Dance ». Le morceau « Ace of spades » est d'ailleurs le grand standard de Motörhead que les fans réclamaient à chaque concert et dont Lemmy finira par ne plus trop supporter !
Pour ma part je dirais qu'il est un poil moins bon que Overkill, moins « parfait » mais c'est une question d'appréciation personnelle (son, compos, ambiance de l'album...) ; un peu moins bon que Overkill mais excellent quand même, c'est du Motorhead, quoi !
Les compositions sont bonnes que ce soit les classiques, ceux qu'on retrouvera régulièrement sur scène (« Ace of spades », « The hammer », « (We are) the road crew » que les titres de « seconde » zone (« Live to win », « Fire fire », « Shoot you in the back », « Jailbait » et mention spéciale à « Love me like a reptile »)


Comme sur Overkill on retrouve des différences de tempo entre les titres ce qui fait que les morceaux ne se ressemblent pas, que les rythmes sont alternés et qu'il y a malgré la puissance omniprésente une certaine diversité. Motörhead n'est pas aussi monorythmique qu'on veut bien le dire.
Le son de la guitare de Fast Eddie tend toujours vers un blues/rock'n'roll très sauvage, très 70, et toujours la basse hallucinante et stratosphérique de Lemmy, véritable guitare rythme. Une basse qui donne le son unique du groupe et que quasiment personne n'arrivera à reproduire. Et une batterie véritable rouleau compresseur sur les morceaux les plus rapides.
Jamais la notion de power trio n'a été aussi bien symbolisé que par Motörhead. Aucun des musiciens n'est un virtuose hors norme pourtant l'alchimie opère comme par magie.
En fait en cherchant bien un seul morceau paraît un peu plus « faible » que les autres « The chase is better... ».


Quand on parle de Mötorhead il faut toujours avoir en tête qu'en 1979/80 aucun autre groupe ne jouait aussi fort (y compris chez les punks où la seconde vague emmenée par Discharge commençait tout juste à enregistrer ses premiers EP), aucun autre groupe n'avait une telle puissante. La bande à Lemmy était à part, unique et quelque part a continué à l'être tout au long de sa carrière.

Et 1979/1981 c'est l'âge d'or du groupe, là où il est à son apogée avec sa meilleure formation. Un classique du heavy metal même si Lemmy a toujours eu horreur de ce terme et a toujours préféré parler de rock'n'roll mais du rock speedé sous amphétamine.
Avec Motörhead on est bien dans l'esprit et dans la continuité des Stooges, du MC5 et de Grand Funk Railroad (en intro je parlais de grands groupes tombés dans l'oubli au fil des années et Grand Funk en est un bon exemple), c'est à dire du rock'n'roll sauvage, agressif et bestial, poussé à son maximum, sans compromis, toujours dans l'urgence....et quand on écoute « Ace of spades » on se dit que le rock ne pourra jamais mourir !
PS : Et dire qu'il y aura encore un classique, LE classique live avec "No sleep 'til Hammersmith".


Endless Boogie : Le blues du futur


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De John Lee Hooker à Iggy Pop , des cannead Heat à Lou Reed , l’avenir du rock américain s’est toujours joué dans les bas-fonds de l’underground.  C’est là que Warhol construisit sa factory , atelier décadent qui donnera naissance à l’album à banane , là aussi que canned heat s’initia au blues lors de longues jams passionnées.

Cette culture souterraine est la marque d’une philosophie disparue, celle qui veut que le musicien doit faire ses preuves, explorer les bas-fonds et passer des années avec son art comme seul réconfort , pour espérer un jour percer.

Il sont nombreux les artistes ayant foulé le béton, le ventre vide mais l’esprit libre, suivant ainsi un parcours initiatique indispensable aux vrais marginaux. Mais cette philosophie semble morte et , condamnée à réussir immédiatement ou jamais , les artistes piochent dans un grand vivier de références qu’il ne parviennent souvent qu’à ressasser avec plus ou moins de brio.

Car il faut une vraie expérience pour donner vie au blues, cette musique étant comme le cheval blanc dompté par Napoléon dans une peinture historique. C’est au terme d’années de lutte que les jeunes ambitieux pourront dompter la bête, et l’emmener dans des contrées qu’elle n’aurait pas traversé d’elle-même.

Voilà pourquoi Endless Boogie est un groupe d’une importance vitale, il détient cette expérience liée aux derniers originaux de cette époque morne. Il faut dire que ces musiciens ont de la bouteille, et n’ont sorti leurs premiers méfaits qu’après avoir passé des années terrés dans les bas fonds culturels de New York.
                                                                                     
Le premier album montrait d’ailleurs un groupe qui n’a jamais cessé de lutter. Lutter contre la tentation d’imiter ses héros, lutter aussi pour maintenir le feeling poisseux du blues lors de plus de 10 minutes de jams fiévreuses.   A l’époque où la technologie et le commerce raccourcissent tout, de la taille des fichiers musicaux à la durée des productions visuelles, Endless Boogie ne s’épanouit que dans de longs instrumentaux hypnotiques.

Là , les accords deviennent une véritable machine à remonter le temps , des stooges sous dopes joue le blues en compagnie de Muddy Water , ACDC déploie son hard blues en compagnie de Keith Richard , adaptant son énergie juvénile au feeling du riff master. D’une voix paranoïaque,  le chanteur imite Iggy Pop en se curant le nez, et le temps ne semble plus avoir de prise sur l’auditeur.

Dans le dernier rock et folk, Iggy Pop qualifiait la musique de Miles Davis en ces termes « Il ne cherchait pas de son, même pas de mélodie, il se contentait juste de jouer. Et c’est pour ça que cette musique est intemporelle. »

Et c’est exactement ce que fait endless boogie , il joue , entamant ses jams comme Cavanna entamait ses livres , c’est-à-dire sans réellement savoir où tout ça va le mener. Les américains sont comme Iggy, une certaine finesse se cache derrière leur apparence rugueuse. Mais , là où chez beaucoup celle-ci nécessite des heures de dur labeur , la leur ne s’exprime que dans la spontanéité .

Je ne vais pas vous rejouer le bon vieux « back in mono » , ou ressasser un hommage de vieux chroniqueur sénile bercé par les hymnes no future de Richard Hell et des pistols. Non , endless boogie est au-dessus de ses tendances passagères , et est aussi isolé que beefheart en son temps.

On a pourtant cru à une explosion, lorsque long island avait déclenché l’admiration de rock critiques ayant troqué leur flair contre une nostalgie abrutissante. Vu avec plus d’enthousiasme, le groupe aurait pu devenir énorme , et soulever des foules gigantesques, lors d’orgies sonores qui auraient renvoyer tous leurs concurrents à leurs tablatures.
Mais , caricaturé comme le fils d’une alliance contre nature entre les stooges et cannead Heat , le groupe ne fut qu’une lubie de plus dans un monde mainstream sans ambitions. Il est vrai que long island est un disque moins original que ces prédécesseurs, les trois premiers étant bien plus innovants.

Full house head et focus level sont des chefs d’œuvre, deux cris rageurs où les influences ne sont que des ombres lointaines. Le groupe y élève la répétition au rang d’art brut, partant dans des rythmiques à deux ou trois accords que n’aurait pas renié le crazy horse, si il avait quitté les mélodies campagnardes pour embrasser  la chaleur poisseuse du Mississipi.

Ces musiciens semblent tous frapper sur le même mur, élargissant la faille qu’ils créent à grands coups de solos Hendrixiens. Le stoner n’a jamais atteint les sommets orgasmiques qu’ils atteignent lorsque le rythme monte en pression, comme une centrale nucléaire prête à exploser. Chaque titre nous fait progressivement entrer dans un univers inconnu, où le blues vous tient par la main pour vous mener dans des contrées inexplorées.

Plus violent depuis long island , le groupe a juste augmenté sa puissance de frappe, flirtant un peu plus avec la violence abrasive de détroit. Les deux disques qui sont issus de ce changement, long island et vibe killer sont de grands albums, mais ils ne représentent pas encore le sommet que le groupe avait atteint à ses débuts.

On peut donc s’attendre à ce que ce nouveau cratère donne lieu à une explosion plus violente, plus puissante , et où le feeling blues sera remplacé par un chaos free jazz réinventant le brasier initié par fun house. Et nous voilà en haut de ce Vésuve , à attendre le déluge tant espéré avec une excitation que seuls les grands groupes peuvent provoquer.   

                                                                                                    



dimanche 22 septembre 2019

Bob Dylan : Desire


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Les beatles ont lancé le culte de l’album , faisant ainsi passer le rock dans une nouvelle dimension. Les 33 tours sont désormais des œuvres construites, et l’enchainement des morceaux devient un sujet épineux pour lesquels se battent les musiciens. Issu du folk , Dylan sera d’abord loin de ces réflexions .

Porteur de la même tradition que Guthrie , il produisait une musique rustique , réduite à sa plus simple expression pour véhiculer ses messages humanistes. On peut le regretter, mais l’histoire retiendra surtout blowin in the wind , hard rain , ou the time they are a changin , laissant la ribambelle de brillantes folk song qui les accompagnent croupir dans ce puits merveilleux, qui fait le bonheur des fans.

Le virage sera radical en 1965, lorsque le barde passera à l’électrique sous les huées de fans rétrogrades. A partir de là , ses disques furent plus réfléchis , à l’image du voyage qu’il propose désormais sur higway 61 revisited . On suivait les mues artistiques du poète, comme on suit les réflexions d’un auteur.
                                                                                    
Le reste de sa carrière ne sera qu’une longue suite d’incompréhensions, ses brusques changements obligeant la critique à revoir régulièrement son jugement. Vue au départ comme une trahison, Dylan se convertissant à une musique adorée par l’amérique profonde, que les hippies jugent beauf et raciste, John Whesley hardin sera célébré quand les byrds et le grateful dead suivront ses chemins terreux.

Mais le mal était fait et , de john whesley à planet waves, Dylan sera systématiquement lapidé par une critique qui fera juste une pause pour célébrer les basement tapes, un disque enregistré au milieu des sixties, et loin du Dylan traditionaliste qu’elle ne peut supporter.

Heureusement, la série noire pris fin en 1975, le public ne pouvant que s’incliner face à la série de peintures musicales somptueuses qui composent blood on the tracks. Le spleen lié au naufrage de son mariage a donné un nouveau souffle à Dylan , qui opte pour une musique douce et sobre, seulement chargée de ponctuer sa prose.

Mais , quand le disque sort , Dylan est déjà passé à autre chose , la déprime ayant laissé place à une douce euphorie, qu’il souhaite restituer en studio. Pour la première fois , il conçoit ses textes avec un auteur , montrant ainsi un désir d’ouverture qui le dirigera lors de la création de desire.  

Le voilà donc de retour à Greenwich Village , la ville où tout a commencé , et où il donne naissance aux vers de desire, en compagnie de l’auteur de Calcutta. Quelques jours plus tard, lors d’un voyage en voiture, il invite Scarlett Rivera à le rejoindre.

La scène est digne d’un roman d’Heminghway :
La violoniste voit s’arrêter près d’elle une voiture verdâtre. Caché par la femme qui l’accompagne, un homme lui demande son numéro de téléphone, ce à quoi elle répond qu’elle ne le donne pas aux inconnus. Il l’invite alors à participer à l’enregistrement de son album dans le studio de Columbia. Dylan a choisi la musicienne juste pour le violon qu’elle portait ce jour-là, comme si il renouait avec la simplicité des jours où il essayait d’écrire sa légende, armé de ses textes et de sa guitare sèche.

La routine est un poison mortel pour l’artiste, et Dylan a trouvé son antidote. Les séances sont de véritables réunions de bohémiens, réunissant parfois une vingtaine de musiciens.

Placé en ouverture du disque, Hurricaine renoue avec la verve contestataire des débuts, Dylan prenant même quelques libertés avec la vérité, pour défendre un Hurricane Carter qu’il voit comme le symbole de ce racisme qui subsiste en Amérique.  

Mais sa folk a désormais des airs de complainte tzigane , le violon portant une tension dramatique qui explose dans des cœurs condamnant la partialité de la justice. Dylan changera quelques lignes de ce pamphlet musical pour éviter un procès. La version finale garde tout de même une beauté dramatique digne de ses plus belles œuvres.

Les images s’enchainent ensuite en même temps que les influences. Le grand Bob place la déesse Isis au milieu d’un décor de western, qui permet à un piano enjoué de côtoyer son harmonica rustique, le tout sur un fond de violon bluegrass, genre qu’il a initié sur le mal aimé self portrait. La légèreté de ses textes est parfois ambiguë , et on se demande si le décor de carte postale de « mozambique » n’est pas en réalité un hommage à la prise de pouvoir des communistes dans le pays.

Musicalement , le titre est porté par une mélodie légère , où une dizaine de musiciens s’embarquent dans une grande fête musicale. Cette légèreté atteint des sommets lors des chœurs, ou la voix de Dylan et d’Emilou Harris s’unissent dans une grande cérémonie païenne.  

On s’embarque ensuite pour Sainte Marie de la mer , théâtre d’une grande cérémonie gitane , que Dylan raconte dans une vibrante complainte mystique. « one more cup of cofee » connaitra une seconde jeunesse lorsque les white stripes en feront un blues nostalgique, mais cette version n’atteindra pas ce degré de ferveur fascinante.

Plus terre à terre , les larmoiements de violons de oh sister s’adressent sans doute à John Hammond , le premier qui a cru en ce jeune fan de Guthrie. On rencontre ensuite Joey Gallo , parrain de la mafia que Dylan idéalise un peu trop. Mais comment lui en vouloir à l’écoute de cette gracieuse odyssée sonore ?

La splendeur de cette mélodie fera d’ailleurs dire à Jerry Garcia , le leader de grateful dead, qu’il s’agit d’une des meilleures chansons jamais écrite.

Puis vient la petite baisse de régime, Clapton ne parvenant pas à faire de romance in durango un morceau mémorable. Lancé sur un rythme hispanisant, le titre part rapidement dans un joyeux bazar rythmique ou l’on peine à reconnaitre le touché de ce prestigieux invité.
                              
Dans un autre album, son ambiance de fête hippie aurait pu être insupportable, mais ici il témoigne de la joie qui anime le barde en cette année 1975. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il sera systématiquement joué lors de la rollin thunder revue , tournée qui redonna à Dylan le goût de la scène.

Rejouer pour le plaisir, voilà la seule ambition qui le guida au moment de produire ce disque. Et, à son écoute, on constate rapidement que ce plaisir est contagieux.