Marcher , marcher , toujours marcher , pour trouver une route plus accueillante que celle suivie par la masse. John Phillips est déjà un vieux routard, un jeune pour qui les vers de Dylan sonnèrent comme un ordre divin. Il sont nombreux à avoir, comme lui , pris la route sans réellement savoir où ils allaient.
Après tout, personne ne
sait réellement où il va, mais la plupart choisissent les voies les moins
risquées. On commence des études, sans être sûr que ce sont celles que l’on désire vraiment,
mais on pourra au moins cotiser pour la retraite. L’important n’est pas de
savoir où l’on va mais de pouvoir encore avancer, tous le savent mais rares
sont ceux qui en tirent réellement les conséquences. C’est la route qui fait
les hommes, et c’est elle qui le mena vers sa femme.
Elle ne connaissait pas le
chant, mais son physique de déesse hippie ne pouvait que l’aider dans sa quête
de gloire. Alors John lui appris le chant, qu’il voulait lyrique et
grandiloquent. Son folk n’était plus la préoccupation de l’époque, les Beatles
étaient passés par là. Les quatre
garçons dans le vent avaient lancé une nouvelle pop , nourrit de chœurs somptueux
et d’expérimentations sonores. Ajoutez à ça les tubes des beach boys, et vous
obtenez une époque vouée à la grandiloquence vocale.
Justement , John a trouvé
la pièce qui lui permettra de faire passer ses ainés pour des chanteurs de
kermesse. Cass Eliott est l’exacte opposé de sa femme, elle affiche 120 kilos à
la pesée et a un physique de mama italienne. Mais, quand elle se met à chanter, c’est la somptueuse homélie sortie de la
bouche d’une gargouille.
Il faut vite se mettre au
travail , car la concurrence se renforce de jours en jours. Aux Beach Boys
étaient venus s’ajouter les Byrds , les turtles , tous ces groupe annonçant l’explosion
imminente du rock Californien. Pour nommer son groupe, John s’inspire des hells
angels , qui avaient l’habitude de surnommer leur femme les « mama ».
Les mamas and the papas entrent
rapidement en studio, et la symbiose se met vite en place.
C’est comme si ces musiciens,
qui ne se connaissent que depuis quelques mois, avaient été réunis par une
force supérieure. Premier succès du groupe, « California dreaming »
est un kaleidoscope baroque, qui harmonise les sons dans un tourbillon
hypnotique. Tout est somptueux dans cette mélodie , les voix doucereuses, les solos de flute mélodieux , le tout uni dans un crescendo irrésistible.
The mamas and the papas
venait de nommer la révolution en marche, ils introduisaient la scène Californienne
sur une symphonie pop. California dreaming est l’hymne d’une génération
idéaliste , les poches pleines de rêves et cherchant une liberté totale. The
mamas and the papas est un groupe à single dans une époque vouée au culte du 33
tours.
C’est son génie , il dit
en trois minutes ce que la plupart ne peuvent exprimer que sur une œuvre à l’enchainement
soigneusement travaillé. Et leur palette est large , passant de la pop légère
de « Monday Monday » , au rock de straits shooter , sans oublier bien
sur quelques mélodies folks.
« if you can believe
your eyes and ears » raconte cette époque où the mamas and the papas
étaient les beatles de la Californie, le modèle que chacun imita à sa façon. Les
mélodies présentes ici nourriront le chant de Grace Slick , et les hymnes
hippies de Crosby Still Nash and Young.
Quand ces groupes prendront
le relais, the mamas and the papas sera déjà un groupe moribond. Le réel point final
de son parcours météorique sera sa prestation de woodstock. Là, le visage tiré par la fatigue et les tensions internes,
le groupe livra un chant du cygne sans égal.