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vendredi 28 août 2020

Sun Ra : Jazz In Silhouette

Sun Ra: Jazz in Silhouette Label: Saturn LP 5786 12" LP 1958 | Musique


Depuis les années 40 , Chicago est la capitale mondiale du swing , l’épicentre de ses deux avatars Jazz et Blues. Dans ce décor dangereux, Howlin Wolf crie ses douleurs de damné de l’Amérique, et les bluesmen de sa génération prennent la place d’un Jazz qui se marginalise. Il ne faut pourtant pas voir dans ce changement le triomphe du blues sur un style obsolète , tant le rêve cuivré de Neil Armstrong ne cesse de déteindre et d’être influencé par son petit frère. Ce n’est pas pour rien que , sur le grandiose live at regal, BB king est apparu avec une section de cuivres digne d’un big band de jazz.

 Le blues est un jazz qui ne s’est pas embarrassé de progressions harmoniques , c’est là que réside sa force et son plus grand complexe. La génération de Muddy Waters et Howlin Wolf  n’a gardé que ces deux ou trois accords, qui forment l’épicentre sacré du swing. Le bluesman joue 3 accords devant 3000 personnes , le jazzman c’est l’inverse. Cette simplicité a crée un complexe qui perdure encore dans le blues moderne , et s’exprime à travers le spleen cuivré de Warren Hayne , Beth Hart , ou Joe Bonamassa.

 Le jazz n’est pas moins envieux, et les accords de contrebasse de Mingus ont parfois des accents bluesy. Le blues a succédé au jazz, et le bebop a tenté de redorer son blason , accélérant les rythmes pour montrer qu’il était le maître du swing. Dans « au régal des vermines » ,  Nabe fait du bebop le seul gardien du swing, créant  ainsi une bataille de chapelle qui n’a pas lieu d’être. Nabe est un enfant des sixties, il a vu le blues accoucher d’un enfant terrible, qui termina le travail de marginalisation du jazz entamé par son aîné.  

 Le rock a englouti le jazz, d’abord en déployant une énergie qui le transformait en totem du passé, puis en se servant de sa virtuosité pour agrandir le monument à sa gloire. Le jazz devenait une couleur ajoutée à la grande palette du rock triomphant , Zappa , Soft machine et King Crimson inventant un monstre hybride , mais qui restait plus rock que jazz. Si tous ces artistes ont eu l’idée d’électrifier leurs musiques cuivrées , c’est sans doute sous l’influence de blue train , le disque que Coltrane sortit en 1957. 

 Coltrane avait digéré la verve de Chuck Berry, accéléré ses rythmes, et livré ce jazz dit « libre » aux masses impressionnées. Miles Davis enfonce le clou avec Bitch Brew mais, impressionné par le charisme mystique de Hendrix, il préfère se vanter d’avoir réuni « le meilleur groupe de rock n roll du monde ».  

 Entre temps , Sun ra a débarqué à Chicago , et fait ses classes avec Thelonious monk . Il s’est ensuite équipé d’un enregistreur pour produire lui-même ses albums. Fils de la déchéance du jazz , il sort trois disques baignés dans le même chaudron magnifique que les grands disques de Monk et Mingus. « Jazz in silhouette » est le dernier clin d’œil de Sun  Ra à ses contemporains, le disque qui complète le spectre du jazz traditionnel, tout en montrant discrètement une nouvelle voie.

Le saxophone de Enlightement pose les bases d’une mélodie céleste, une beauté crépusculaire portée par des cuivres nonchalants, dont la beauté illumine longtemps l’esprit de l’auditeur. Puis le rythme s’accélère, flirte avec l’énergie du rock n roll sans en reproduire la violence.  Dans leur enthousiasme, les cuivres atteignent les limites de la justesse, flirtent parfois avec la dissonance sans jamais s’y vautrer. C’est un numéro d’équilibriste jouant avec nos nerfs, une série de mélodies jazz où l’influence du rock et du blues menace de tout faire basculer dans le chaos.
Se contentant pour l’instant de rythmes tribaux, les percussions  annoncent le virage afro futuriste que prendra Sun Ra après ce disque. Entrer dans cet album, c’est saluer une belle île désertée, et dont on s’éloigne avec regret, c’est admirer la beauté de ce qui fut tout en apercevant la promesse de lendemains glorieux.

Jazz in Silhouette était trop élaboré, trop mélodique, trop unique pour « le bon vieux temps du rock n roll ». L’époque était celle de Chuck Berry , Elvis , et autre Bo Diddley , elle posait les bases d’une culture qui allait écraser le passé.
 A l’écoute de ce disque, on regrette presque que Sun Ra n’ait pu imposer une nouvelle version du Jazz , comme Bo Diddley et Chuck Berry ont imposé une nouvelle vision du blues.    


mercredi 26 août 2020

Johnny Winter fin

Hard Again" - Muddy Waters - Rock Fever

Depuis les années 60, Muddy Waters s’amuse de voir tout ces blancs-becs jouer sa musique. C’est grâce à un de ses titres que les Stones ont choisi leur nom, et ils ont posé leurs premiers accords en imitant sa musique. Depuis, son mojo se répand dans le rock comme une traînée de poudre , et le vieux bluesman a désormais plus de descendants que Gengis Khan. Conscient du tremblement qu’il a déclenché, Muddy annonce à qui veut l’entendre que « si ces types peuvent jouer ses riffs , ils ne seront jamais capables de chanter comme lui. ». Ce chant , c’est l’expression poignante d’un homme qui a passé sa jeunesse les pieds dans la boue et le nez dans sa misère.


Même au moment où toute une génération le vénère comme un dieu, le souvenir de ses années noires nourrit sa musique. Il surfe alors sur la vague du rock, reprenant let spend the night together en compagnie de Mike Bloomfield, sur l’album father and son. En 1972, c’est Rory Gallagher et Steve Winwood qui sont adoubés par le père du mojo, sur le live London session.

Mais la gratitude est le plus éphémère des sentiments humain et, alors que ses descendants continuent de lui rendre hommage , le label de Muddy met la clef sous la porte. Ayant eu vent de cette déchéance, Johnny parvient à convaincre son label de produire le disque qu’il va enregistrer avec Muddy. Sorti en 1977, Hard again est un monument blues sorti au milieu des cris hystériques de la vague punk.

Johnny et Muddy se connaissent, ils ont déjà eu l’occasion de jouer ensemble à plusieurs reprises. Connaissant la virtuosité de son sauveur, Muddy décide de se concentrer sur le chant, et sa voix atteint ainsi le summum de son charisme virile. Derrière lui , les meilleurs guitaristes de blues vivants sont au sommet de leur art.

Déjà présent lors du légendaire concert de Muddy à Newport , James Cotton envoie ses riffs fleurant bon le bayou avec la force nonchalante des damnés de Chicago. Si Manish Boy dépasse les versions culte de Willie Dixon et Son House, c’est avant tout grâce à la ferveur de ce groupe habité par le mojo. Pour accentuer cette énergie, Hard Again a été enregistré en deux jours, lors de bœufs improvisés.

Certains regretteront que cette liberté incite Johnny à partir dans des solos un peu brouillons, que cette énergie s’exprime parfois à travers des improvisations un peu bancales. Mais c’est justement cette spontanéité qui fait la grandeur de ce disque. Alors que les Stones et leurs semblables tentent de créer une version bien propre de son swing , Hard Again ramène tout le monde dans les bars de Chicago , et affirme virilement que Muddy reste le modèle indépassable.

Johnny Winter vient de sauver sa carrière et, pour le remercier, le mannish boy lui permet d’enregistrer son prochain disque avec son groupe. Nothin but the blues sera donc le générique de fin de ce récit. Et quel générique ! Ce disque est le dernier chef d’œuvre d’un musicien qui, n’ayant plus rien à prouver, plonge totalement dans sa vieille obsession. Grâce au groupe de Muddy , l’albinos immortalise son rêve , sonner comme les géants de la grande époque du blues.

La flamme ravivée par hard again n’est pas encore éteinte, et elle inspire notre guitariste livide, qui a écrit la quasi intégralité des titres de nothin but the blues. Le blues a pris possession de son corps squelettique , et raconte sa glorieuse épopée à travers chacun de ses titres. Calmé par cette héritage imposant, le jeu de Johnny Winter se fait plus sobre que jamais. Cette réserve lui permet de jouer sur les variations, de changer d’époque en accélérant ou en ralentissant ses tempos.

Tired to try et TV mama ramènent l’auditeur dans ces rues , où boogie chillen et spoonfull résonnèrent pour la première fois. Johnny prend alors possession du blues d’avant-guerre, et parvient à lui donner une beauté éblouissante sur le slow I was rainnin. La guitare électrique s’enroule ensuite autour d’un riff acoustique , et nous ramène à l’époque où certains bluesmen découvraient l’électricité sous les huées des puristes. On saluera au passage la splendeur de ce groupe, déjà grandiose sur hard again , et qui permet à Johnny de sonner comme il a toujours rêvé de sonner.

Après avoir sauvé son modèle de l’oubli, Johnny Winter rend hommage à son mojo lubrique. Nothin but the blues est l’aboutissement d’un cheminement commencé sur the progressive blues experiment , et qui a finalement ramené notre albinos sur sa terre promise. Muddy Waters a permis au rock d’accoucher du rock n roll , et grâce à Johnny Winter le rock a maintenu en vie son père défaillant.

Cher lecteur ,

Pour des raisons de cohérence, je tiens à parler ici de deux disques que j’ai volontairement exclu de ce dossier.
Sorti en 1978 , White hot and blues est un disque un peu plus secondaire dans la discographie de l’albinos , qui était alors trop pris par son travail avec Muddy pour sortir un grand disque. C’est tout de même un  album bien sympathique que tout fan de l’albinos se doit de posséder.
Quand à Raisin Cain , j’avoue que ce disque m’enthousiasme un peu moins. Johnny y surjoue le rôle du vieux gardien de l’âge d’or du rock n roll , et la production surfaite lui donne des airs de has been pas encore prêt à mourir. Il faut tout de même avouer que sa version de Like a Rolling stone est impressionnante, et que l’ensemble se tient bien mieux que la suite de sa carrière.
Voilà, tu es donc arrivé au bout du récit de deux des parcours les plus impressionnants des 60’s/70’s. Deux visions du swing qui se sont magnifiquement complétées et affrontées pendant près de 10 ans. Johnny et Edgard Winter feront à jamais partie de la grande histoire du rock , dont ils incarnent la grandiose diversité musicale.

                                                                                                                              

lundi 24 août 2020

Johnny Winter 7

John Dawson Winter III - Wikipedia

 Pendant que son frère se prend les pieds dans son tapis glam, Johnny Winter atteint le but ultime de nombreux rockers, sonner comme un nouveau Chuck Berry. Depuis trois ans, notre albinos a joué un rock , funky , country , bluesy , hard rock , et voilà qu’il se contente de jouer du rock n roll. Rock n Roll people c’est johnny be good et shakin all over dans le même morceau, le summum de l’énergie juvénile des fifties. Johnny Winter est le seul à pouvoir ouvrir un titre sur un telle déluge électrique, sans s’égarer dans un grand délire Pagien. Cet homme retombe toujours sur la rythmique comme un chat retombe toujours sur ses pattes, c’est un réflexe naturel.

Ajoutez à ça les riffs de pick up my mojo et sweet papa john , et vous obtenez un swing à rendre jaloux le grand Chuck en personne. Les cuivres n’ont pas tout à fait abandonné la partie , et « lay down tomorrow » les voient offrir à Johnny la classe grandiloquente du King sur la scène de Las Vegas. Johnny n’a plus chanté comme ça depuis son second album, sa voix mélodieuse s’envole au milieu de chœurs beaux à pleurer.

Comme un clin d’œil à ses petits frères sudistes , Johnny fait un petit détour sur les terres de la country et du blues, les deux mamelles nourrissant l’armée levée par Lynyrd Skynyrd. Passé ses petites diversions , John Dawson Winter sonne comme un juke box abandonné au fond d’un vieux club. Chaque titre pourrait faire partie d’une compil de tubes des années 50 , ils ressuscitent une formule que les stray cats ne feront que parodier.

Regardez le notre albinos, son allure martiale de lord anglais, cintré dans un costume de monarque. John Dawson Winter est plus qu’un énième album de rock n roll, c’est un coup d’état. Pour être digne de jouer du rock n roll, il faudra désormais se rapprocher de ce modèle tonitruant. Dans le sud, tout le monde s’y plie, et l’écho de cette musique finit même par atteindre les côtes anglaises. Nuthin fancy , Point Blank , Tres hombres , et plus tard Molly Hatchet et Strike , chaque disque sudiste est un assaut envahissant le monde du rock. A la tête de ces rednecks déchainés, John Dawson Winter a lancé la charge la plus sanglante.

Pendant que son frère devient l’incarnation du rock n roll, Edgard Winter dissout son Edgard Winter group. C’est donc sous son propre nom qu’il sort, en 1975, Jasmine Nightdream. Les temps ont déjà changé, Bowie a suicidé son héros glam , et les Dolls annoncent la future invasion punk. Quelques rares survivants, comme Mott the hoople , tentent de maintenir la flamme vacillante du glam rock , mais la résistance ne durera que quelques mois. Loin de suivre les évolutions du rock Anglais, Jasmine Nightdream fait le bilan du riche parcours d’Edgard.

 En ouverture, la mélodie Jazzy de one day tomorrow renoue avec la beauté cuivrée d’entrance. Little brother sonne ensuite comme un funk rock électronique, et ses mélodies dansantes flirtent une nouvelle fois avec la folie futuriste d’un Todd Rundgren.

Le synthétiseur est devenu l’instrument de prédilection d’Edgard, celui qui donne au disque cette allure de spleen martien. Revenu de ses glorieux exploits en compagnie d’Alice Cooper et de Johnny Winter , Rick Derringer apporte la puissance sonore qui évite au disque de s’engluer dans ses excentricités synthétiques. 

Sur Hello Mellow Feelin , ses solos puissants et mélodieux tissent un blues langoureux à grand coup de riffs poignants. Shuffle low laisse ensuite la guitare se déchaîner sur une batterie funky digne de white trash. Le rythme accélère lentement, et atteint son paroxysme sur un instrumental qui sonne comme un clin d’œil à ZZ Top. On ne peut alors que penser à la puissance orgiaque de la grange, quand les solos affutés s’élancent sur la rythmique, comme une charge de bisons.  Prolongeant le durcissement entamé sur le titre précèdent, Keep on brunin pourrait donner des leçons de heavy rock à Bob Seeger.
                                        

On regretterait presque que la mélodie reprenne ses droits, que le clavier pousse la guitare rageuse au second plan. Le synthé se joint alors au chœurs soul de « how do you like to love » , et le tout groove comme une discothèque installée dans le cosmos. Loin d’être endormi par cet apaisement, Rick Derringer se tient en embuscade, sa guitare offrant quelques fulgurances à l’auditeur attentif.

Jasmine Nightdream réussit ce que son prédécesseur avait si lamentablement raté , faire cohabiter toutes les influences de son créateur. Funk , Pop avant gardiste , Rock , blues , tout cela se mélange dans un album unique, pour célébrer les noces du swing et du groove.

       

Johnny Winter 6

Johnny Winter - Still Alive And Well (1973, Vinyl) | Discogs 
Après presque trois ans d’exil, Johnny Winter sort enfin un nouvel album. Sa génération a disparu, tuée par la fin du psychédélisme, ou victime de ses excès. Sacrifié sur l’hôtel de la défonce rock, Hendrix , Jim Morrison , et Janis Joplin n’ont pas eu son réflexe salutaire. Johnny peut donc l’annoncer fièrement dès le titre de son album , il est vivant et en forme. L’époque est plus que jamais acquise à sa cause, et son sud natal est en train de lui préparer le terrain. Tout a commencé alors qu’il était en convalescence. Issus de Macon, les Allman Brother ont donné une nouvelle jeunesse au blues, et l’ont remis sur le devant de la scène lors d’un mythique concert au Fillmore. Un peu plus loin, dans ce Texas où Johnny a écrit sa légende, un trio pas encore barbu commence à affûter son blues gras. 

ZZ top fait en réalité partie de la génération de Hendrix, qu’ils ont d’ailleurs rencontré à leurs débuts. Mais leur musique est faite pour les années 70 et, sorti en 1971 , leur premier album est considéré par beaucoup comme leur chef d’œuvre absolu. De retour au milieu d’une  nouvelle vague de blues rocker, Johnny Winter ne pouvait que défendre sa place de plus grand bluesman vivant. Et, rien que pour le tranchant de « silver train » et let it bleed , Still alive and well le place déjà au sommet de la nouvelle vague heavy blues. Les Stones eux même se sont inclinés devant cette version de Silver Train, qui n’était pourtant pas un de leurs titres les plus remarquables.

Issu de goat head soup , le titre est dépouillé jusqu’à l’os par les riffs cinglants de notre albinos , son swing se révèle ainsi dans toute sa pureté rythmique. Je n’irais pas jusqu’à dire que sa version de Let it bleed sonne mieux que l’original, il sonne juste comme les Stones révéraient de sonner. Quand les anglais jouent le blues, ils ne peuvent s’empêcher de l’emmener ailleurs, sur des terres plus proches de leurs mélodies pop. Johnny, lui, ne triche pas. Le blues est dans ses veines , reproduire son feeling est pour lui un réflexe inscrit sans son ADN.

 De rock me baby à l’orgie sanglante de let it bleed , Still alive and well fait table rase des emportements hard rock du précèdent album. Tout le monde redécouvre le blues, il n’a donc plus de raison de s’en éloigner. Sur too much seconal , il se permet même de ressusciter le mojo acoustique des pionniers. C’est qu’à force de célébrer le blues, Johnny est devenu le guide de cette nouvelle génération, celui qui montre la voie à suivre. Still Alive and well représente la lumière d’un phare après une longue traversée brumeuse, la silhouette d’Ithaque qui voit enfin le retour de son roi.

Johnny Winter sort définitivement de la compétition rock, il plane au-dessus de la mêlée, avec la même confiance tranquille que Muddy Waters regardant une nuée de blancs becs jouer sa musique. Johnny a ressuscité le purisme de ses débuts, mais une telle réussite ne peut que l’obliger à chercher d’autres sonorités.

C’est ainsi que sort saint and sinner , quelques mois seulement après son grand frère bluesy. La funk fait alors son entrée dans l’arsenal de Johnny Winter , donnant naissance au disque le plus original de sa brillante discographie.

Dès les premières secondes , les claviers installent un groove futuriste, que la guitare suit dans le boogie martien de blinded by love. Les cuivres sont encore à la fête, ils dansent sur le groove funky de feedback highway 101, et s’enroulent autour du slow Huttin so bad. Johnny n’oublie pas le rock pour autant , et thirty days renoue avec le rock direct de l’album précédent. Le plus surprenant reste sa reprise de stray cat blues , un des points d’orgue de l’album Beggar Banquet des Stones. Le titre sert de prétexte à une orgie de solos, qui donne l’impression que notre albinos a décidé de rivaliser avec le Hendrix du Fillmore. Johnny a sans doute pris exemple sur l’excentricité du band of gypsys et de ses enfants groovy.  C’est comme si celui qui prit le rôle de gardien de la tradition se libérait dans un déluge de feedback. Même le rock apparemment épuré de riot cell block n 9 débouche sur une orgie de riffs gras.

Après un still alive and well très puriste, Johnny casse son image de vieux sage du blues, et affirme ainsi que son âge d’or n’est pas encore terminé. Plus riche que n’importe lequel de ses albums , saint and sinner est une réussite unique dans sa discographie. La voix de l’Amérique a parlé, il est temps que son alter ego anglophile lui réponde.

Shock treatement devait s’inscrire dans la continuité de « they only come out at night » , c’est au contraire un album de fin de cycle. Le morceau ouvrant le disque annonçait pourtant un déluge heavy glam , le groupe jouait comme les enfants de Bowie traumatisés par la découverte du proto punk des New York dolls.Le riff était destroy et agressif , le chant agressif , le glam se radicalisait dans une orgie prometteuse.  

Sauf que, perturbé par ses influences diverses, Edgard est comme un gosse laissé seul dans un magasin de bonbons. Alors, il pioche dans tous les rayons, en espérant qu’une certaine cohésion finissent par émerger de ces expérimentations folles. La mélodie cuivrée de Easy Street nous passe un peu la pommade, comme pour préparer le terrain à un nouvel assaut, qui prendra de longues minutes à arriver.

A la place , on a droit à Sundow , qui perpétue la beauté tranquille de free ride. Les cuivres sonnent comme des lyres angéliques , et la guitare construit son escalier vers un nouveau paradis pop. Après ce sympathique changement de décors, le groupe renoue brutalement avec son passé progressif, et Do you Like me sonne comme l’électro rock de Todd Rundgren.

Au lieu d’atténuer ces changements de décors, Edgard les radicalise, faisant de son disque une playlist agréable mais sans identité claire. Le Edgard Winter group sonne tantôt comme une version pop de Slade , un Marc Bolan ayant découvert le synthé , où le Bowie de Pin Up, quand il ne s’emballe pas dans un hard rock un peu lourdaud.   

On voyait pourtant dans ses titres les plus énervés un moyen de marquer une nouvelle fois l’histoire, en entrant dans le sillon d’un rock qui se radicalise. Mais les quelques mouvements d’humeur de ce disque sont noyés dans une série d’expérimentations mélodiques, elles sonnent comme un coup d’épée porté à une soupe indescriptible.

Avec ce disque, Edgard devient le nihiliste ultime, celui qui semble avoir bâti son album avec une série de 33 tours empilés au hasard. C’est d’autant plus dommage que , pris individuellement , ces titres sont loin d’être mauvais. Mais qui veut voir un film fait d’extraits de classiques ? Et bien shock treatement serait sa bande son.  

jeudi 20 août 2020

Johnny Winter 5

Roadwork : Edgar Winter: Amazon.fr: Musique 

Porté par la force du dieu swing , White thrash envahit deux des plus grandes salles américaines , pour y enregistrer un live historique. Le whiskey à gogo est un de ces lieux qui attire toutes les révolutions , il a été le théâtre de l’ascension du Buffalo Springfield , le point de départ de l’épopée subversive des Mother , le temple où naquit le rock baroque de Love , et j’en passe. L’appolo , lui, fut longtemps un haut lieu du jazz , Count Basie et Duke Ellinghton y ont effectué des prestations sublimes. Quelques années après le passage de Edgard Winter White Trash, James Brown viendra d’ailleurs enregistrer un live explosif dans ce haut lieu de l’histoire du jazz.

Encore une fois , Edgard est à la croisée des genres , il trône au carrefour des mythes et crée sa légende à la frontière des genres musicaux. Ce soir-là, c’est pourtant le rock n roll qui aura le premier rôle. Prenez un môme fou de funk, jazz et blues, mettez le devant une foule déchaînée, et il accélère les rythmes, durcit ses riffs , bref il rock mieux que quiconque. Cette ambiance de fête mystique, ce rock puriste nappé de cuivre soul, c’est le E street band jouant avec une puissance inédite.

La comparaison peut paraître osée au premier abord, mais je vous certifie que, quand le saxophone s’embarque dans un solos brûlants, c’est l’image de Clarence Clemons qui vient immédiatement à l’esprit. Le soul rock de White trash est certes plus agressif, ses riffs sont plus tranchants que ceux du boss, mais sur le fond son énergie est très proche.
                                                                                                                
Quand les chœurs gospels de save the planet ouvrent la performance, on a vraiment l’impression que ces types sont venus célébrer la fin de l’humanité. Tous les live devraient donner cette impression , tout groupe devrait voir la scène comme un tribunal où il doit défendre sa peau, et jouer avec toute l’intensité de ceux qui savent qu’ils n’auront pas de seconde chance. L’heure du jugement dernier est arrivée, et ce soir le rock n roll vient sauver nos esprits.

Alors le ton se durcit encore, la force du riff explose sur le refrain revanchard de still alive and well , danse autour du blues cuivré de back in the USA. Ce dernier ressemble à ZZ top qui se serait mis à groover comme funkadelic , ou à James Brown singeant BB King.

Attiré par l’intensité de la célébration, Johnny Winter sort une première fois de son isolement forcé. Son Rock n roll hoochie koo sonne toujours comme du Stones accéléré, un boogie blues ponctué de solos tranchants. Il faut l’entendre dialoguer avec White Trash , répondant à son swing dansant par des chorus minimalistes, dans la grande tradition d’un John Lee Hooker. Johnny annonce que l’heure du blues a sonné,  le mojo du cadet répond à celui de l’aîné.

Galvanisé par cette visite, Edgard suit ensuite la science de la nonchalance libidineuse de Howlin Wolf. Grand coït musical digne de spoonfull , tobacco road voit les cuivres suivre les coups de boutoir d’un riff délicieusement gras. Do yourself a favor rallonge un peu ce groove bluesy , puis la prestation s’achève comme elle a commencé , sur un gospel apocalyptique.
                                       
Roadwork est le summum d’une flamme que personne ne parviendra à raviver .Une réunion de White trash aura bien lieu quelques années plus tard, sans atteindre ce niveau de puissance.

Alors que roadwork vient de sortir , le premier disque de l’Edgard Winter group débarque en cette même année 1972. Nommé « they only come out at night », l’album montre de nouveau l’anglophilie de son auteur. Mais on ne parle déjà plus de l’Angleterre progressiste de King crimson, son heure de gloire semble déjà derrière elle. A la place, Marc Bolan a lancé le glam rock avec deux albums somptueux (electric warrior et the slider). Le succès monumental de T rex a permis à toute une vague d’artistes de s’engouffrer dans la brèche, et fit naître le personnage androgyne le plus connu de Bowie.

Même Lou Reed a cédé aux sirènes du glam, et transformer permet à Bowie de calquer ses chœurs excentriques sur ses récits décadents. Une génération au look androgyne, prônant un rock léger et classieux se lève , et Edgard s’y conforme dès la pochette de son album. Du côté de la musique, les claviers soulignent un swing plus pop, et les chœurs entrent dans le rang des enfants de Marc Bolan.

Free Ride fait penser à du Slade , alors que les solos qui le ponctuent flirtent avec la puissance hard glam de Mick Ronson. Mais chassez le naturel et il revient chanter le country blues, comme le montre round and round. Sur ce titre les chœurs se font plus solennels, la mélodie bucolique développe une beauté campagnarde que n’aurait pas renié les Outlaws. Cette parenthèse fermée, le Edgard Winter Group prédit comment sonnera Bowie , quand Aladin sane prendra d’assaut l’Amérique. Rock n roll boogie woogie blues sonne comme sa reprise de let spend the night together , avec une énergie mieux maîtrisée. La bluette autumn est plus dispensable, mais sa durée est assez courte pour en faire une respiration agréable avant d’atteindre le clou du spectacle.

 Frankeinstein restera le titre culte d’Edgard Winter , celui dont les riffs chromés annoncent les futurs exploits du duo Wagner/ Hunter. Au final, « they only come out at night » est encore un disque nourri par ses contradictions. La beauté artificielle du glam y côtoie la beauté rêveuse d’une mélodie country , la violence chromée du hard rock sort des splendeurs énergiques de la pop anglophile.

Porté par le succès du tube Frankenstein, « they only come out at night » est le plus grand succès commercial de son auteur. Pour les anglais, il devait sonner comme le portrait d’une époque, celle où la jeunesse était partagée entre la puissance d’un hard rock encore fringuant, et la beauté d’un glam rock en plein âge d’or.       

      

mardi 18 août 2020

Johnny Winter 4

White Trash : Edgar Winter: Amazon.fr: Musique

Alors qu’entrance fait une entrée discrète dans les bacs des disquaires, Johnny Winter And le rejoint. Ce disque est sans doute le moins connu de la carrière de l’ainé des frères albinos, c’est aussi une de ses plus grandes réussites. Au fil de ses productions, Johnny n’a cessé de se radicaliser , augmentant la puissance de son blues pour l’imposer à un public avide de grondements électriques. Après avoir lutté avec panache contre l’invasion du hard rock, Johnny Winter a fini par absorber sa violence, sans réellement s’y conformer.  Johnny Winter And est le disque le plus virulent du texan , et ce virage doit beaucoup à Rick Derringer.

Ce dernier est l’enfant du heavy rock , et ses riffs sont imprégnés de la puissance plombée de purple haze , le brûlot hendrixien que tous les contemporains de Jimmy Page tentent d’égaler. « Guess I’ll go away » montre tout de suite l’apport de son jeu virulent, il transforme la rythmique toujours métronomique de Winter en enclume venant pilonner vos tympans. Ponctuant les assauts de ce swing sauvage , les distorsions deviennent des lames de fond venues déchirer les poses pompeuses du gang de Blackmore , Page et autres Tony Iommy.

Si Johnny consent enfin à jouer un rock plus radical, il n’est pas encore prêt à céder aux clichés tapageurs qui font la légende des nouveaux guitar hero. Quand il se laisse aller à de petites improvisations , c’est toujours avec le soutien d’un groupe compact comme un bloc de béton. Prodigal son montre bien cette discipline. Johnny ne se sert pas de ses musiciens comme d’une rampe de lancement pour le propulser dans de grands délires solistes, ses solos se fondent dans la masse, comme une puissance virtuose faisant décoller son groupe vers des sommets rythmiques. Johnny est , avec Keith Richard , un des derniers à considérer la guitare comme un instrument au service du swing.
                                                                  
En refusant d’en faire un totem devant lequel tout groupe doit s’incliner pendant de longues minutes, il préserve le groove de ses modèles. Si cet album doit être intégré à ce que certains appellent le « hard rock » , il faudra le ranger au côté de AC/DC, Ted Nugent , ou Foghat, et de tous ces groupes qui n’avaient de « hard » que la puissance sonore. On pense aussi un peu au boogie excentrique d’Alice Cooper , qui ne tardera d’ailleurs pas à récupérer Rick Derringer pour enregistrer « Killer ».

Johnny Winter And est le disque d’un musicien qui a accepté la mutation du blues, et a pioché dans ses gimmicks pour poursuivre sa légende. Ecoutez l’instrumental déchirant qui sert de point d’orgue à rock n roll hoochie koo, et la grande envolée achevant rock n roll music , et vous comprendrez pourquoi ce disque est un indispensable des seventies. Johnny s’applique à rétablir le dialogue sacré entre les musiciens, cette symbiose qui fait la grandeur du rock, et dont certains croyaient pouvoir se passer. Avec Johnny Winter And , Johnny leur montre les sommets qu’ils ne pourront jamais atteindre, leur réapprend l’humilité dans une grande fête heavy.

La tension qui parcourt ce disque est aussi liée à la mauvaise passe que traverse Johnny lors de son enregistrement. Pour supporter le rythme infernal des tournées, le guitariste a consommé toute une série de drogues qui commence sérieusement à le miner. Si il ne réagit pas rapidement, il risque de rejoindre les fantômes de Janis Joplin et Jimi Hendrix, il doit donc commencer une longue cure de désintoxication. Pour promouvoir son dernier disque, il n’aura eu le temps de jouer que deux concerts au Fillmore, qui sont d’ailleurs sortis par sa maison de disque pour combler son absence.  

Le procédé n’est pas nouveau, la plupart des groupes se servent des live pour combler une période de vide créatif, mais celui-ci va s’avérer grandiose. Nommé sobrement « Johnny Winter And » , le disque commence sur la douceur blues cuivré de « good morning little schoolgirl » et « It’s my own fault ». Issus de ses premiers disques , ces titres permettent à son nouveau groupe de se réapproprier le patrimoine de son leader. Doucement , « It’s my own fault » monte dans des envolées heavy , montrant que ses musiciens sont déjà en pleine symbiose.

Les choses sérieuses commencent vraiment à partir de Jumping Jack Flash, une des meilleurs reprises des Stones à ce jour. Je l’ai déjà dit, Johnny Winter et Keith Richard parlent le même langage, ils ont la même obsession pour la rythmique, même si celle de Johnny est plus tranchante. Et c'est justement ce jeu virevoltant qui lui permet de transcender ce totem du mythe stonien , il parvient à caler sur ce matériel une poignée de solos mélodiques que ce bon vieux Keith n’aurait jamais tenté.

Chauffé à blanc par ce tour de force, le groupe s’embarque dans un medley passant en revue great balls on fire/ long tall sally/ et whole lotta shakin going on. Le groupe semble parcouru par une énergie démentielle, comme si les fantômes qu’il convoquait prenaient possession de leurs improvisations. La prestation se clôt ensuite sur mean town blues et Johnny be good , qui sont envoyés avec la même force électrique.

Ces deux soir là au Fillmore , Johnny a jeté ses dernières forces dans la bataille , donnant ainsi au rock un de ses plus grands enregistrements live.

Condamné à évoluer dans l’ombre de son glorieux aîné , Edgard Winter monte un nouveau groupe , Edgard Winter White Trash , dont le premier album sort le même mois et la même année que Johnny Winter And.

Il est intéressant de mettre en parallèle ces deux productions. Comme je le disais pour Entrance, Edgard est plus ouvert que son frère, ses talents de multi instrumentiste le poussent à expérimenter. Johnny ne vénère qu’un swing , celui du blues , Edgard porte plutôt un culte à tous les avatars de ce même swing. Edgard Winter White trash est d’ailleurs un monument à la gloire des trois corps du dieux swing , le jazz , le funk , et le blues. Les cuivres mélodieux illuminent la mélodie bluesy de fly away , enrobent les rythmes funky de where would I be.

Le gospel n’est pas en reste, et save the planet sonne comme Don Nix donnant un concert dans une église avec les Stones comme backin band. Le swing est dans chaque riff , chaque battement, chaque mélodie de ce disque brulant. I’ve got a news for you donne même l’impression d’entendre Muddy Waters jouer en compagnie du big bang de Miles Davis. A sa façon, Edgard Winter est aussi un disque traditionnaliste, mais il voit la tradition dans toute sa diversité triomphante.

Edgard Winter White trash est plus puissant que Sly and the family stones, plus groovy que le chaos blues de son frère, c’est une réussite qui brille grâce à ses contradictions. Si les ventes n’imposent pas ce constat au grand public , Edgard Winter White Trash montre aux initiés qu’il est bien plus que le faire valoir de son frère.      
                                                                                                                        

PINK FLOYD : bande originale du film More (1969)

FORMATION:

David Gilmour : guitare, chant
Rogers Waters : basse
Nike Mason : batterie
Richard Wright : claviers



1968, Gilmour arrive pour épauler puis pour remplacer Syd Barrett dont l’état physique et psychologique ne lui permet plus de jouer avec le groupe.
Après un album « Saucerful of secrets », mitigé, où sont présents les deux guitaristes (pour la première et la dernière fois) Pink Floyd est sollicité pour composer la musique du film More de Barbet Schroeder.

Pink Floyd, on l’oublie souvent, si on met de côté The Wall qui fut d’abord un album avant d’être une B.O, a composé quelques musiques de films à la fin des 60s, et au début des 70s : Zabriskie point (avec 3 titres de Pink Floyd), La vallée – également mis en scène par Schroeder - toutefois le disque est sorti sous le nom de « Obsured by clouds » mais « More » est sans doute la plus aboutie à mon goût.
Pas facile de chroniquer une musique originale de film mais là c'est plutôt réussi, d'une part parce que la majorité des titres tiennent la route indépendamment du film mais aussi car la musique colle parfaitement à l'atmosphère de celui-ci (j’avoue que j’ai vu More il y a un certain temps déjà mais j'en garde encore des souvenirs et de l’ambiance générale du film et de la musique), il s’accorde parfaitement à l’histoire et aux thèmes de More (un jeune étudiant allemande s’initie aux drogues dures à Ibiza dans les années 60, Ibiza qui était alors La Mecque des hippies et des junkies).

Exercice périlleux, difficile, délicat mais parfaitement maîtrisé ici même si les morceaux sont d’inégales valeurs et d'orientations musicales fort diverses : acoustique, hard, planant, psychédélique, blues… tout y passe avec bonheur (bon bien sûr quand on écoute le disque sans le film y a bien quelques temps faibles mais assez peu ici, disons deux titres assez anecdotiques).
En grande partie composé et enregistré en huit jours, ce qui assez est prodigieux et plus encore pour une musique de film originale, Pink Floyd s'en tire plus que bien. 

Quelques petits bijoux, disons cinq grands titres dont peut-être les deux premiers titres de l'histoire du hard rock car effectivement ils ont été enregistré en 1968 quasiment à la même époque que Led Zeppelin « I », (deux morceaux assez très proches, avec un riff d'intro quasi identique) « Ibiza Bar » et surtout « The Nile song » assez impressionnante d'intensité, plus les magnifiques « Green is the colour » et « Cymbaline » (la perle du disque), sans oublier « Mirrors circus » le très bon titre qui ouvre l'album.*

« Crying song » ballade assez simple mais portée par la très belle voix de Gilmour qui chante d'ailleurs sur tous les titres (avec en plus un solo sympa du même Gilmour), Waters et Wright se contentant des backing vocals.
Les autres morceaux :
« Up the khyber », instrumental mi jazz mi psychédélique.
« Main theme », instrumental avec son orgue flippant en intro puis un mix planant/psychédélique très 60's.
« Quicksilver, », long instrumental psychédélique.
« More blues », comme son nom l'indique un blues (sans grand intérêt).
« A Spanish piece » là encore pas un grand intérêt.

Ces deux morceaux n'apportent rien d'un point de vue strictement musical mais de toute façon la seconde face est nettement moins bonne, beaucoup d'instrumentaux qui sont de petites séquences liées à des scènes précises du film.
Les morceaux sont donc d'une valeur assez inégale mais rappelons qu'il s'agit d'une Bande Originale.
Au final répétons-le c'est plutôt réussi avec 5 ou 6 bons titres et une musique colle parfaitement à l'atmosphère du (très bon) film de Barbet Schroeder.
De toute façon il est difficile de comparer cet album avec « Meddle », « Dark side of the moon » ou « Wish you were here » quelques uns des grands classiques du Floyd.

Quelque part cette B.O reste l’archétype de l’album psychédélique par excellence, ou du moins d’un certain type de psychédélisme (même si tous les morceaux ne le sont pas) et d’une époque évoquant l'âge d'or hippie ; manque peut-être juste un morceau à la "Astronomy domine".